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Matisse en Allemagne
présence et réception méconnues
1906-1910
Peter Kropmanns
préface de Serge Lemoine
Livre cousu
imprimé sur papier centaure
14.8 x 21, 104 pages, 19 illustrations
Editions Mona Kerloff
ISBN 978-2-916791-10-4
prix : 18 euros

Entre 1906 et 1910, à Munich aussi bien qu'à Berlin ou encore à Dresde, Henri Matisse attira l’attention des collectionneurs, des marchands d’art, des critiques et des artistes allemands. Le grand intérêt pour cet artiste français atteint son premier point d’orgue en janvier 1909, lors d’une rétrospective de la prestigieuse Galerie Cassirer à Berlin. Le pays s’est divisé alors en deux groupes d’admirateurs et d’ennemis du « Prince des Fauves ».
Max Liebermann, peintre et collectionneur d’art français, l'un des Allemands les plus influents et les plus exigeants de l’époque, a résumé comme personne cette atmosphère tendue. Lui-même partagé entre l’un et l’autre des deux partis, écrivait à l’artiste français en 1910, que, quoi qu’on pense de son art en Allemagne, personne n’y était indifférent. C’était son plus grand compliment.
Depuis quelque temps, on s’intéresse surtout à l'influence que l’œuvre de Matisse a eue ou aurait pu avoir sur les artistes allemands, notamment sur ceux qui appartenaient au célèbre groupe de la «Brücke», ou encore sur les jeunes Russes allemands Jawlensky et Kandinsky, créateurs de « Der Blaue Reiter » (Le Cavalier bleu). Pourtant, nombreuses sont les publications qui s'appuient à ce propos sur des spéculations. Ainsi, il a semblé important d’enquêter sur ce sujet, pour constituer un socle de connaissances solides, notamment grâce au croisement des archives allemandes et françaises et aux informations des quotidiens allemands, non moins précieux.
Peter Kropmanns évoque les premiers collectionneurs et marchands de tableaux de Matisse en Allemagne tels que Julius Freudenberg, Henry van de Velde, Karl Ernst Osthaus, Paul Cassirer ou Heinrich Thannhauser, raconte les trois voyages de l'artiste français en Allemagne et tente d' identifier un bon nombre de ses œuvres exposées outre-Rhin, toiles, dessins, gravures et sculptures, dont les tableaux majeurs Les tapis rouges (aujourd'hui au Musée de Grenoble), Nu bleu : Souvenir de Biskra (aujourd'hui à la Cone Collection du Baltimore Museum of Art) ou La desserte rouge (aujourd'hui à l'Ermitage de Saint-Pétersbourg).
Son livre nous permet de mieux comprendre les difficultés des recherches sur les provenances, complexes voire compliquées, et le rôle crucial de la presse quotidienne de l'époque pour la reconstitution de faits historiques. Ainsi, le lecteur peut se plonger dans une vie artistique très riche en échanges franco-allemands, oubliée ou méconnue, qui s'inscrivent dans un contexte européen, et de mesurer l'impact de l'art français moderne au-delà des frontières.
Peter KROPMANNS, historien de l'art allemand à Paris, travaille pour des musées allemands et français ainsi que des éditeurs allemands, autrichiens et suisses, notamment sur l'art français et allemand des XIXe et XXe siècles. Il a publié en dernier lieu des biographies sur Paul Cézanne et Lovis Corinth.
Serge LEMOINE, l'auteur de la préface – une introduction concise – est professeur d'histoire de l'art à l'Université Paris-Sorbonne (Paris IV). Auteur de nombreux ouvrages sur l'art du XXe siècle et commissaire de multiples expositions dans le monde, il a dirigé le musée de Grenoble et le musée d'Orsay, à Paris.
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