Textes et critiques
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Pierre Olivieri a déjà publié un long poème, son chant empoisonné de la mer du milieu et aussi la Messe noire d’Elsa et Poésie en résistance, une petite anthologie de la fraternité agissante. Et d’autres ouvrages, romans et essais aux éditions de La Table Ronde, de La plus haute tour, Amaurote, Olivier Orban et Albin Michel.
2 "Tisser la peinture" En appliquant une couche de couleur avec des bâtons de pastel gras,en la raclant pour pouvoir en ajouter une nouvelle, puis en superposant une autre couche de couleur qui vibrera d’autant plus qu’elle est supportée par la mémoire de la précédente, Françoise Ducret travaille avec le temps. Une longue préparation faite sur des supports afin de les rendre aptes à recevoir la matière colorée, elle-même encore travaillée par une infinité de gestes répétés, est nécessaire à l’émergence de la texture. Nos regards ne voient pas ce lent travail d’approche qui pourtant porte en lui toute la philosophie du temps d’une artiste qui a toujours préféré créer les matériaux de ses œuvres. Pour les premiers tissages qu’elle réalisait sur un métier de haute lice, Françoise, remodelait les fils de laine, de coton ou de soie déjà travaillés afin de donner du volume aux lignes dessinées. Puis elle a fabriqué ses propres trames en un processus complexe de papiers encrés et plastifiés. Il ne s’agissait pas de perpétuer une technique ancienne, mais de mettre en œuvre des matériaux qui sont exactement ceux qui conviennent au projet plastique particulier. Ainsi, la singularité de la tapisserie est ancrée dans toutes les pratiques qui suivront ses premières réalisations. Le temps du tissage impose les heures dans la contrainte et l’apaisement. Il construit un monde où le temps passé ne compte plus comme une perte, mais comme une richesse accumulée, au fil des jours employés. Dans ce monde, on ne sait ce qu’est un objet éphémère, on fabrique et travaille la matière pour la sortir de sa gangue inerte et la mettre au service d’une pensée de la forme. Même s’il nous apparaît individuellement entrecoupé d’instants et de moments morts, le temps se poursuit sans rupture. Il nous est commun, traverse des époques, et les entrecroisements de matières réalisées par Françoise Ducret mettent en images nos histoires personnelles et collectives. Nadia Prete, Paris, Mars 2006
3 « Papier Matière » Le travail de Françoise Ducret s’inscrit dans le sillage ouvert par les recherches que le mouvement Support-Surface a menées dans les années 1970 sur l’acte de peindre, les relations entre les formes et la matière, le support, châssis, toile. S’il fallait chercher plus loin encore on pourrait appeler Matisse et ses papiers découpés. Car si le tissage est le mode d’exécution retenu par l’artiste pour mettre en forme et en mouvement tant la couleur que la matière, celui-ci est mis en œuvre, pour obtenir ces pièces en volume, à partir de grandes feuilles de papier peintes et plastifiées, découpées en rubans qui seront tissés sur le métier, parfois simplement modelés. Ensuite, placées dans leurs encadrements noirs et pesants, les œuvres seront libres. Elles pourront frémir au courant de l’air, être effleurées ou touchées par toutes les mains. Ici la mise en cause du tableau en tant que surface est délibérée et effective. Les dispositifs « Papier matière » dénient leur immobilité trompeuse, leur fragilité apparente. Ils ne cherchent pas non plus la gloire des constructions extrêmes mais aspirent à la légèreté, à la possession d’un espace à leur mesure Catherine Plassart, 10 Juin 2008 4 Ces « tableaux-pastels » constituent une écriture/peinture. Ils sont l’expression conductrice de ma démarche créative. A travers ces pastels à l’huile, je m’interroge sur le rôle du tissu, sur son « langage » et ses techniques. J’analyse ainsi les dialogues opératoires qui existent entre le tissu et ma création picturale dans les arts plastiques. Françoise Ducret
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Poème pour Françoise Ducret |