Combat pour la sérénité

Vus de loin les éléments ne représentent rien.

L'objet est en rapport avec le paravent. L'oeuvre est une somme de parties qui constituent une totalité.

Bachès délimite son langage par des lettres, des chiffres, des formes géométriques colorées sur fond clair.

Il n'y a pas de nécessité de lire de façon linéaire un "texte", mais plutôt de confronter l'oeil à un mouvement musical, une course qui renvoie à une étendue infinie de signes.

Cette projection d'affects définit une expérience ludique qui résiste à toute interprétation. Ces images ne cachent cependant rien. Il n'existe pas dans cette peinture une volonté de déterminer un sens, mais on y décèle une sincérité qui ne trompe personne.

Pas d'opacité non plus, ni "d'entassement" d'histoires. Ces travaux actualisent l'idée d'abstraction..

Répartition des formes, précision du trait, aménagement de l'espace sans réserve.Ces oeuvres aériennes et liquides s'ordonnent autour de la lumière intérieure qui se manifeste dans le tableau. Et l'artiste insuffle la vie bienfaitrice en plongeant jusqu'aux racines du ciel.

L'occasion était trop belle de le rappeler ici.

Pierre Givodan 2007

 

Bachès "inactuel"

ou la fin et le commencement de la peinture

 

Partant du principe que tout accord entre le réel et la peinture ne peut être aujourd'hui que de convention, il s'agit de penser ce que peut la peinture dans un monde qui ne nous est pas accessible à priori.

L'espace nous échappe, le temps aussi. Que valent causes et conséquences ?

Et une esthétique de l'imitation...

Il ne reste plus qu'à épuiser le champ des signes. Fin de la peinture donc ?

Bien sûr que non !

Il s'agit plutôt de s'accoutumer à cette idée, plus très nouvelle, que désormais tout se joue pour le peintre dans un espace choisi et non plus reçu, ou admis tacitement.

Dur labeur cependant, longue tâche qui ouvre des perspectives infinies. C'était déjà la leçon de Kandinsky il y a presque un siècle. C'est encore celle de Bachès, "l''inactuel".

Exit enfin la correspondance entre sujet et objet de la peinture.

Exit l'idée même de sujet et celle d'un monde commun.

Et paradoxalement : multiplication des signes, libération d'un langage autonome, renouvelé, vif.

Cela nous change des jérémiades sur la fin de l'Homme, la fin du désir de peindre, etc...

L'idée de fin tout simplement est absente de ce travail.

Renversement de la perspective enfin.

Se dire que nous sommes au commencement.

Que nous sommes bien définitivement un commencement. C'est cela. Bachès nous reconduit à la joie des commencements.

Par delà toute nostalgie romantique et toute mélancolie vaine.

Pierre Givodan 2005

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