novembre 2005

L'adieu à la mélancolie

 

Si on en croit Hervé Gauville et Isabelle Lebovici qui co-signent un article dans Libération, la mélancolie n'est plus, elle est remplacée par une "prosaïque nostalgie".

Bien sûr, il demeure quelques artistes pour livrer leur profonde tristesse, ils versent "tout bonnement dans le mélodrame".

Quel est donc le véritable homme du XXIe siècle de notre ère, si éminemment "moderne" dans sa saine normalité, auquel pensent ces deux sinistres journalistes ?

Ignore-t-il la tristesse et la douleur ? Le monde lui est-il offert ? La joie lui est-elle donnée ? Son ego est-il si développé que rien de la souffrance , ni du malheur d'autrui ne le touche plus ? Est-ce un dieu, est-ce un monstre ?

Nos avancées de toutes sortes sont si belles ! L'homme n'a aucun droit de se plaindre ! S'il souffre, parce qu'il a une mémoire, parce que son présent n'est jamais tout à fait rose, parce qu'il sait sa finitude et celle des êtres qu'il aime, qu'il se taise, n'est ce pas ?

Eh bien , non ! Rendons hommage à Jean Clair, le commissaire de l'exposition Mélancolie , Génie et folie en Occident ( Grand Palais, jusqu'au 16 janvier).

Si la mélancolie en Occident a une histoire millénaire comme il nous le montre à travers des centaines d'oeuvres, c'est sans doute parce qu' elle se situe à l'horizon de nos passions. Quand elle est en excès, on s'en garde. Pour le meilleur ou pour le pire, on y sombre.

La mélancolie a accompagné l'homme européen tout au long de sa propre histoire, elle est le revers de toute ses joies.

Seul notre rapport à la mélancolie a évolué , s'est transformé au fil des époques.

Il faut être dangereusement aveugle au monde pour prétendre évacuer la mélancolie de la vie. Elle est le cristal noir de notre conscience, notre supplément d'âme.

Catherine Plassart

C'est pas triste dans le journal Libération

Hervé Gauville et Isabelle Lebovici "des gens de plume" qui écrivent au charbon sur un écran noir.

Pour commencer leur article, les deux journalistes du Journal Libération nous servent l'inévitable jeu de mot, "c'est pas triste". Pour conclure, ils nous offrent une analyse des oeuvres contemporaines qui excluent toutes inscription de la production artistiques d'aujourd'hui dans une continuité historique. Sont-ils aveugles ? Ne voient-ils pas ce qui leur est montré : Edward Hopper, Antonin Artaud, Otto Dix, Anselm Kiefer, Zoran Music...

Je les cite :

"La logique de l'exposition est de prolonger les temps de la mélancolie jusqu'à l'époque du Prozac. En abordant l'ère contemporaine, le visiteur est amené à faire, en outre, l'épreuve de la déception. Les sculptures d'Anselm Kiefer, de Claudio Parmiggiani et de Ron Mueck ne sont plus capitales. La mélancolie n'est plus ce qu'elle était, remplacée par une prosaïque nostalgie. Ni folles ni monstrueuses, ni ténébreuses ni endeuillées, ni maladives ni cérébrales, les dernières oeuvres de l'exposition apparaissent tout bonnement mélodramatiques."

 

Hervé Gauville et Isabelle Lebovici Journal Libération du 15 octobre 2005

Lire : l'article dans son intégralité.

Annuaires

annuaire des auteurs

nouveau : Zéno Bianu , Jean-Pierre Ostende

annuaire des artistes

des bio-bibliographies, des extraits d'oeuvres, des commentaires...

Nous invitons les artistes et auteurs présents dans ces annuaires à nous communiquer leur e.mail, de sorte que nous puissions répondre aux demandes qui nous sont adressées.

La mélancolie au Grand Palais

Génie et folie en Occident

 

L'exposition montée par Jean Clair, l'actuel directeur du Musée Picasso propose une histoire culturelle de la mélancolie à travers 250 œuvres choisies, réparties en huit sections :

La mélancolie antique, Le bain du diable. Le Moyen Âge, Les enfants de Saturne. La Renaissance, L'anatomie de la mélancolie. L'âge classique, Les Lumières et leurs ombres. Le XVIIIe siècle, La mort de Dieu. Le romantisme, La naturalisation de la mélancolie, L'Ange de l'Histoire. Mélancolie et temps modernes.

Des stèles attiques jusqu'à des œuvres contemporaines, de Dürer à Ron Mueck en passant par La Tour, Füssli, Goya, Friedrich, Delacroix, Rodin, Van Gogh, Munch, De Chirico, Picasso… elle met en évidence le rôle essentiel joué par la mélancolie dans les différentes formes de la création artistique en Europe.

 

Mélancolie
Génie et folie en Occident

13 octobre 2005 - 16 janvier 2006

Galeries nationales du Grand Palais
Entrée Clemenceau
75008 Paris
Tél. 01 44 13 17 17

Les galeries nationales du Grand Palais

Mélancolie, Folie et génie en Occident, collectif, eds Gallimard 2005 56,05 euros

 

Nouveau sur le site

Les couleurs fauves de Florence Grenot

voir aussi : le dossier Florence Grenot

 

L'actualité des expositions

un choix d'expositions à Paris et en région dans l'agenda du site

Des présentations et des commentaires dans le blog d'Art Point France :

www.artpointfrance.info

 

Bibliophilie :

"De quelle couleur s'écrit-il le mot âme ? "

Poème de Jean-Pierre Chevais enrichi de 11 œuvres numériques de Thierry Le Saëc. Tiré sur du vélin BFK de Rives à 16 exemplaires. 8 doubles feuillets en accordéon. Emboîtage de l'atelier Dermont Duval à Paris. 16 x 13 cm. Octobre 2005.
voir l'ouvrage
voir le catalogue des eds de la Canopée

 
 

Ron Mueck

Veines, rides et ridules, peau détendue, grains de beauté, pilosité, rougeurs, aucun détail n’est négligé pour arriver à une perfection telle que la ressemblance avec le vivant est troublante. On attend des sculptures de Ron Mueck un souffle soudain.

Pourtant, l'artiste joue de l'ambiguïté entre imitation et illusion. Ses sculptures ne sont jamais à l'échelle humaine, plus petites ou au contraire surdimensionnées (Boy, est un garçon accroupi de 5 mètres de haut).


La subtilité du travail de l'artiste australien réside dans son pouvoir d’évocation. Des indices de narration, un vêtement, des draps, un bateau amorcent une fiction. Les corps nus livrent aussi une intimité, un état personnel.

Les personnages de Ron Mueck sont inquiets, vulnérables. Ils convoquent la surprise, la fascination mais surtout l'émotion.

Dans leur lenteur , ils se situent dans un espace malléable celui de "la rêverie", de "la plasticité douce".

"La mélancolie de certaines de nos rêveries ne descend pas jusqu'à ces malheurs vécus, revécus qu'un rêveur nocturne peut toujours craindre de revivre." écrit Bachelard.

L'univers de Ron Mueck ne touche pas à "la splendeur des mondes d'apocalypse". Il est juste troublant parce qu'il nous place dans cet intervalle où tout est possible entre la réalité et le songe.

CP 2005

Une oeuvre de Ron Mueck est exposée dans le volet Mélancolie et temps moderne, de l'exposition, Mélancolie au Grand Palais, jusqu'au 16 janvier 2006

Ron Mueck

du 19 novembre 2005 au 19 février 2006

Fondation Cartier pour l'art contemporain
261, boulevard Raspail 75014 Paris

 

Libre de peindre :

Quand on est peintre, il faut être libre de peindre, aujourd'hui comme hier. Car la peinture sait traiter de ce qui nous occupe, la destinée humaine.

L'homme qui éprouve sa vie comme une histoire dont le déroulement et la durée lui échappent éprouve le besoin d'habiter les territoires de la rêverie, cet espace où "un peu d'ordre poétique (est) imposé aux images aberrantes"

Daniel Tillier est né en 1958. Il a suivi un enseignement en peinture dans les années 80 aux Beaux Arts de Lyon. Il n'a jamais déposé les pinceaux en dépit d'un questionnement critique sur la peinture et parallèlement d'une approche sociale de l'art.

 

retour