septembre 2006

Des jardins et des peintres

Pour être nouvelles, les images n'ont pas besoin d'être numériques. Il suffit que le regard que l'on porte sur elles soit lavé des suspicions que l'on entretient encore parfois vis à vis de la peinture. Il faut aussi que le peintre fasse preuve de créativité.

N'oublions pas cependant que tout travail pictural se situe à la jonction de plusieurs oeuvres. La mémoire en acte de l'artiste prend corps dans la peinture.

Ainsi Pierre Givodan fait sans nul doute une relecture des oeuvres du XXème siècle. Il condense aussi bien les apports théoriques du Bauhaus, du surréalisme d'avant guerre, de l'expressionisme abstrait américain, de l'abstraction lyrique. Il déplace et prolonge ce qui fait image dans les oeuvres de l'art moderne. Il approfondit sa réflexion alors que son langage pictural atteint la clarté.

"L'Ouvert est la voie sure. / La clé en est certaine. / Dans le chemin qui s'offre / est la garantie de la route / la porte jamais ne reste fermée /à celui qui ose le départ.

Il n'y a qu'un moyen / de ne pas perdre le but / viser haut et loin / vers la clarté entrevue / Les étoiles sont là / pour indiquer le nord / et le sud au voyageur indéterminé.

L'océan stable porte toujours / un secret, la montagne
aussi est un symbole fixe / Nulle étincelle ne suffit
à allumer le feu du remord... / Aux quatre coins du monde / sont suspendus les jardins à trouver. "Pierre Givodan " La fable des jardins" août 2006

Qu'est ce que "la fable des jardins" d'ailleurs, si ce n'est l'aventure de peindre. Pierre Givodan déroule le récit en peinture d'un parcours de poète et d'artiste. Et alors qu'il tourne les pages du livre de l'art moderne, il tient grandes ouvertes les portes de ses jardins suspendus.

Catherine Plassart

Central Park

"L'avertissement coutumier pour les touristes dans les années soixante, quant aux risques de s'aventurer la nuit dans Central Park a sans doute eu sur Pierre Aléchinsky des conséquences inattendues, l'amenant à considérer d'un autre oeil le paisible jardin public qui est à la fois le poumon de New York et son point de ralliement.

On sait combien ces sortes de visions sont contagieuses et, après Alechinsky, de son marchand John Lefebre - qui, preuve indéniable le photographia - jusqu'à Octavio Paz qui le décrit dans un poème

("Il y a deux yeux, couleur de colère, / un anneau de froid, une sangle de sang,/ il y a le vent qui disperse les reflets / d'Alice démembrée dans l'étang")

tout un chacun peut affirmer, comme pour le monstre du Loch Ness, avoir vu la bête tapie sous les arbres du parc." Daniel Abadie in catalogue "Sources et résurgences"

Qu'est ce que "Central park" pour Alechinsky ? 1 - la liberté de renoncer à l'huile, "cette cuisine", de peindre à l'acrylique sur toile et sur papier 2 - la première mise en oeuvre des remarques marginales 3 - l'introduction d'une circulation du regard autour "du temps fixe de l'image centrale" 4 - le choix de la reprise, de la transcription d'une image dans un autre médium, la notion d'image-mère.

Une salle de l'exposition à la Maison René Char est réservée à un ensemble d'oeuvres sur le thème de Central Park. Il s'organise autour du grand format de 1965, fondateur du parcours de l'artiste, "source" d'une oeuvre qui peut être perçue comme "un jeu d'échos", une suite de "résurgences".

Sources et résurgences

Pierre Alechinsky

jusqu'au 15 octobre 2006

Maison René Char - Hôtel Campredon L'Isle-sur-la-Sorgue (13)

voir aussi : notre article

Laurence Innocenti

Modèles intérieurs

du 6 au 30 septembre 2006

Galerie Peter's friends - Paris (01)

voir : notre article

Geneviève Besse

Gravures, peintures, livres

du 2 septembre au 29 octobre 2006

La métisse d'argile - Saint Hyppolyte  (37)

voir : notre article

Mon jardin breton

Figurer ! à quoi bon ?  Dans le jardin de Thoma Ryse, la réalité est tout autre. Son jardin est à n'en pas douter une allégorie de la peinture post impressionniste.

Le travail de Thoma Ryse est joyeux et ludique. Son projet s'inscrit dans l'histoire de la peinture. Il exécute pourtant des oeuvres qui s'échappent souvent du rectangle de la  toile ou du papier. Il prolonge aussi sans hésitation le travail d'un artiste aussi présent dans notre imaginaire que Matisse. Il  arrive  à Thoma Ryse de peindre des cubes ou des murs et de donner suffisamment d'originalité et de nécessité à son  travail pour que celui-ci ne puisse pas être réduit à une entreprise de décoration.  Il y a une touche de baroque d'ailleurs,   dans cet univers plein de vitalité , d'énergie où les éléments d'architecture sont parfois envahissants, volontiers bousculés, où les espaces colorés nous rappellent  tour à tour les "Nymphéas" de Monet et les  "all over"  de Pollock.

"Ipomés" Tryptiques & composites  - peintures de Thoma Ryse une exposition proposée par Anne-Marie Noirot à voir du 22 septembre au 12 novembre à la galerie Ty Art Show à Perros Guirec

Catherine Plassart

voir : notre article

La clarté venue des jardins

La série des jardins de Antonio Segui datée de 2005 est construite à partir d'une "technique mixte sur papier journal marouflé sur toile". Ses fonds sont majoritairement blancs et "arc-en-ciel". L'ensemble est fondé sur la dispersion des sujets humains qui semblent avoir perdu le nord. Mémoire, anticipation, imaginaire d'un Ailleurs, "Les Jardins tropicaux" de Antonio Segui sont la trace subjective de notre désir universel d'un lieu infigurable.

CRID'ART, à Amnéville-les-Thermes, près de Metz, propose du 7 octobre au 26 novembre 2006 une exposition d'un ensemble de 80 oeuvres d' Antonio Segui réalisées ces 10 dernières années.

lire : notre article de présentation de l'exposition CRIDART (entretien d'Antonio Segui avec Françoise Monin, historienne)

M uma : histoires d'art

"Parce qu'il n'envisage pas son art sans une réflexion sur le statut des œuvres ; parce qu'un musée d'histoire ne peut faire l'économie de questionnements sur la production et la conservation de celles-ci ; parce qu'il revisite des icônes de l'histoire de l'art européen et suisse, parce qu'il n'a de cesse d'explorer son 2e pays dans ses coins les plus reculés, Muma, Catalan de Lausanne, peintre et historien d'art accroche le fruit fort et coloré de ses réflexions aux cimaises de la grande salle du Musée historique de Lausanne. "

lire : la suite de l' article