le rien des mots est toujours autre, imprévisible condensation d’une parole toujours en retrait d’elle-même
l’invisible est encore le visible, le même mot pour dire une chose après sa disparition
se retrouver, dans une voix accordée, pour pouvoir s’absenter
la précipitation, l’insaisissable des mots
le sens de l’irréalité apparaît en dehors de la réalité, dans la chute du regard
les mots du non sens se réveillent en repassant par la question du sens
la pensée est un deuxième cercle dans l’intelligence de l’écriture
décevoir, rentrer dans cet ailleurs
l’écriture est souvent le biais d’une autre intelligence, sans division apparente, d’un mot pour un autre
l’impondérable, au contact des mots, renouvelle sa durée
les mots veillent en dehors de la pensée
l’écriture est écriture, non pas en dehors des choses, mais en dehors de la parole
toute chose pour être dite doit sortir d’elle-même, s’absenter à elle-même
le monde se perd dans les mots en se quittant lui-même, ou en devenant présent dans un monde absent
certaines phrases ne voient pas plus loin que leur répétition sur d’invisibles reliefs
le non dit de l’écriture est celui là qui ajoute une présence aux mots
l’écriture devance ses traces, anticipe son écriture sous le mot levé d’une ombre
le sens est la réalité qui manque à la plénitude du réel
les choses n’auront pas bougé, lorsqu’il n’y aura plus que le monde pour voir une réalité dans sa chute
les mots permettent de voir, d’une certaine manière, ce qu’on ne peut pas dire, ou ce qui se dit plus loin
on choisit toujours ce qui est la restriction d’une totalité absente
la mort n’engage pas le désir à nommer des ombres dans l’ensemble des possibilités
l’horizon n’est pas une poésie des lointains, mais une neutralité, un refus de rêver réellement la réalité
il y aura toujours des yeux pour voir, s’abîmer dans la pensée d’un monde entouré d’obscurité
le monde est un tout autre monde, où plus rien d’identique à soi n’arrive à aiguiser la vigilance du regard
la réalité tombée au fond de l’absence continue d’être la réalité
le monde sera toujours là, l’enceinte d’un lieu inhabité
les murs hors présence apparaissent dans la profondeur d’une absence
l’écriture toujours déviée, trouve sa justesse en disant autre chose, le vis-à-vis des mots
la mort n’atteint pas les choses, en ce sens que la réalité n’est pas nécessairement habitée
le vide est l’unisson du monde réel
l’intraduisible, l’apprivoiser dans une forme qui laisse filer son instinct
l’écriture est donnée, par ce don d’épuisement du réel questionne l’écriture
dans l’écriture pour l’écriture coexiste la possibilité d’un dialogue, d’une présence à côté des mots
l’écriture, dans ce voisinage, est le lien invisible d’une lecture
les mots écrits n’arrêtent pas le sens, le tirent vers l’écriture
les mots doivent s’opposer à la réalité, à la douleur de la pensée
le mot est seulement l’ici du lieu, l’ici d’une écriture
la mort est le désir d’autre chose qui résonne comme un mot
la pensée est inépuisable dans la non pensée des mots
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