
mars 2006
L'imaginaire à la verticale
Alors que je pensais au livre...
Avez-vous remarqué comme celui-ci résiste à toutes les agressions ? Même dévoyé par les marchands en qualité de produit commercial , il demeure le lieu de multiples représentations.
Alors que je pensais au livre comme à une forme fondamentale dédiée à l'imaginaire, j'en appelai à Gaston Bachelard puisque la référence à l'imaginaire avait surgi de manière inattendue, puisque après tout, rares sont les Feuillées où il n'est pas cité.
Alors, comme on consulte un oracle, j'ai ouvert au hasard la Terre et les rêveries du repos .
Voici ce que pour mon plus grand bonheur, je viens de lire.
"Nous croyons précisément qu'il y a des objets qui ont des forces d'intégration , des objets qui nous servent à intégrer des images. A nos yeux l'arbre est un objet intégrant. Il est normalement une oeuvre d'art. Aussi quand nous parvenions à donner au psychisme aérien de l'arbre le souci complémentaire des racines, une vie nouvelle animait le rêveur ; le vers donnait une strophe, la strophe donnait un poème. Une des plus grandes verticales de la vie imaginaire de l'homme recevait toute la portée de son dynamisme inducteur. L'imagination saisissant alors toutes les forces de la vie végétale. Vivre comme un arbre ! Quel accroissement ! Quelle profondeur ! Quelle rectitude ! Quelle vérité ! Aussitôt en nous, nous sentons les racines travailler, nous sentons que le passé n'est pas mort, que nous avons quelque chose à faire aujourd'hui, dans notre vie obscure, dans notre vie souterraine, dans notre vie solitaire, dans notre vie aérienne. L'arbre est partout à la fois. La vieille racine _ dans l'imagination il n'y a pas de jeunes racines _ va produire une fleur. L'imagination est un arbre. Elle a les vertus intégrantes de l'arbre. Elle est racine et ramure. Elle vit entre terre et ciel. Elle vit dans la terre et dans le vent. L'arbre imaginé est insensiblement l'arbre cosmologique, l'arbre qui résume un univers, qui fait un univers."
Chaque phrase d'un texte de Bachelard pourrait constituer le prétexte à une exégèse. Il révèle nombre de vérités, il est aussi producteur de quantité d'images.
Mais non, aujourd'hui, je ne discute pas, je n'exploite pas non plus le propos de Bachelard pour mieux comprendre ; je me soumets aux mots dans leur suite limpide, je les trouve dans le désordre de mon souvenir. Je les cherche et les retrouve encore.
Et si, là, tout de suite, je veux me représenter un livre, il est nécessairement ouvert et tenu vertical dans le creux d'une main, sur l'appui d'un bras !
Catherine Plassart
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Daniel Kay
Le titre de l'exposition "Ce que les images ignorent" de Thierry Le Saëc est emprunté au texte ci-dessous de Daniel Kay extrait du catalogue.
"Imago ignota image ignorée, image qui ignore qui la regarde, image voilée, dévoilée qui fait signe à travers les dimensions de la couleur et de la lumière. Les œuvres récentes de Thierry Le Saëc déploient tous les sens de l’image tels que nous les livrent le dictionnaire - imago (biologie) : forme adulte, état pleinement réalisé d’un insecte à métamorphoses - (psychanalyse) : image inconsciente qui remonte à la petite enfance d’un participant de la relation interpersonnelle (imago du père).
En effet, les images de TLS semblent venir de très loin, avoir traversé de nombreuses métamorphoses comme pour donner forme à l’informel, figuration sans mimesis, géométrie d’un autre ordre qui ramène à la surface dans un tremblé à peine perceptible, une grande nasse de lumière, le crépitement d’infra-signes; reliquat d’un jadis qui traverse l’histoire de la peinture de l’aventure inaugurale de Lascaux aux préoccupations de ceux qui occupent le champ de l’extrême contemporain, en passant par Matisse et Rothko.
Le jadis n’est nullement ici nostalgie d’un quelconque passé mais proposition aoristique d’une recherche de la forme et de la lumière au sens que Pascal Quignard donne au mot aoristique les formes sont des limites. Dans les métamorphoses, les formes ne connaissent plus de limites. Elles sont devenues aorista. Ni passé ni présent. Passé simple disent les grammairiens. Suspension des particules qui se font lumière dans l’œil pinéal, celui qui relie l’esprit et la chair dans l’absentement, le retrait, le frôlement"
Daniel Kay
Daniel Kay a réalisé deux livres d'artiste avec Thierry Le Saëc L'attribution des chefs-d'oeuvre, et Magnificat

Du 4 au 12 mars 2006
Pendant le Printemps des Poètes, la poésie circule, se transmet, s'entend, se partage..
Le site Internet Le Printemps des Poètes est un pôle de ressources permanent pour la poésie. La Poéthèque notamment constitue une remarquable bibliothèque de poètes contemporains. Dans le cadre de la manifestation nationale, le site annonce quantité d'événements. Il propose dans la rubrique Passeurs de poèmes de lire, d'envoyer des poèmes sur sa ville.
Ci-dessous "Paradise city" le poème de Pierre Givodan sur la ville de Toulon.
Paradise City
Tu tournes et retourn' sur tes pas
Tu n'sais vraiment plus où tu vas
Les rues défilent et les palmiers
Rien ne semble plus te parler
Sur l'fond d'une mélodie la mer
T'annonce qu'là-bas ce n'est pas pareil
Mais tu n'entends plus rien du tout
Tu tournes et retournes et c'est tout
L'issue mortelle de l'histoire
Te saute aux yeux, tu n'y peux rien
Mélancolie à la Verlaine
Le sentiment d'une vie qui ploie
L'intensité de ton délire
Croît en proportion du désir
Qu'il était beau le ciel, Ah oui !
Le ciel est vide, film sans titre.
Récit d'un' fin "apocalypse"
Séquenc' d'un chant sans voix, ni loi
Le piège était bien sympathique
Et s' referm' sur un diamant noir
Sublim' destin des gens de rien
Insolite miroir du rien
L'Aventure humaine en série
Limité le chas de l'aiguille.
"The world is yours", du moins en droit
Le monde est tien si tu y crois
Romanc' éternell' pas désuète
Issue épiqu' du surhumain
Destination premièr' perdue
"Do you know what it means?"
Tu tournes et retourn' sur tes pas
Tu n' sais vraiment plus où tu vas
Et nuit et jour le long des quais
Tu longes la mer, "Night and day"
Sonorité d'un orchestr' jazz
C'est peut-être Ella Fitzgerald
La solitud' des musiciens
S'accorde avec l'instant présent
Le contrepoint du contretemps
C'est qu'le piano n'sonne pas pour rien.
Pierre Givodan
voir aussi : notre dossier Pierre Givodan
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Ce que les images ignorent
Peintre, graveur, concepteur et illustrateur de livres d'artistes, Thierry Le Saëc a réalisé à ce jour une trentaine de livres d'artistes avec les plus grands poètes contemporains.
Chaque livre fait l'objet d'un long travail de mise au point entre l'artiste, le poète, l'imprimeur et éventuellement le relieur. Des correspondances s'échangent, de nombreuses épreuves d'essai sont tirées, des maquettes sont réalisées.
Soucieux de conserver la trace du travail de lente élaboration du livre, Thierry Le Saëc donne depuis 2001, tous les travaux préparatoires, les dossiers constitués après parution des livres, à la Bibliothèque de Rennes Métropole. Il participe ainsi activement à la création d'un fonds très important dans le domaine de la bibliophilie contemporaine.
L'exposition "Ce que les images ignorent" présente, dans une première partie, l'ensemble des ouvrages réalisés par Thierry Le Saëc, ainsi qu'un certain nombre de ses livres uniques. Dans une deuxième partie, l'accent est mis sur le travail d'atelier, afin de faire découvrir la genèse d'un livre d'artiste.
l'exposition est à voir à partir du 28 mars à la Bibliothèque de Rennes, pôle Patrimoine.

voir : le catalogue complet des ouvrages de Thierry Le Saëc artiste, éditeur.
Du 28 mars 2006 au 28 mai 2006
"Ce que les images ignorent"
Exposition des livres d'artiste et des livres uniques de Thierry Le Saëc
Bibliothèque | Pôle Patrimoine
Niveau 6
voir aussi : le site de la Bibliothèque de Rennes
Champs libres :

Chantier exceptionnel par sa monumentalité d'une part : les Champs Libres regroupent trois équipements culturels sur près de 30 000 m2, répartis sur 7 niveaux, en plein cœur de Rennes.
Alain Amet, photographe au Musée de Bretagne, a saisi tous les aspects du chantier au fil des mois. Cette exposition s'enrichit de nombreux films réalisés par Jean-Paul Bigot, vidéaste des Champs Libres, le tout mis en scène dans une muséographie originale qui plonge le visiteur au cœur de l'activité du chantier.
Champs libres
expo photo 26 mars musée de Bretagne
la construction en image
en savoir plus : le site du Musée de Bretagne
Nouveau sur le site
Brigitte Dusserre - Bresson
"Un peu du monde là-bas dans le repos"

"...le monde est une forêt où s’entrelacent les signes qui s’opposent au passage du regard, qui gênent l’accès au lointain et pourtant invitent à écarter, à traverser, à se glisser derrière. Rien de magique pourtant dans ces coulisses devinées, dans l’arrière chambre du monde, sinon encore la surface du métal non attaqué, un répit dans la confrontation à la matière, un peu du monde là-bas dans le repos. "
Bernard Moreau 2006 pour Brigitte Dusserre-Bresson
Architecte :

Christian de Portzamparc signe l'architecture monumentale des Champs libres à Rennes. Pour la réalisition de "la table" du musée, il a travaillé avec le sculpteur Martin Wallace.
"Ensemble, nous avons fait des moules, dans la cour de l'atelier, à Paris. Il n'y a que deux moules et on joue avec leur sens. On a fait de nombreux essais de cailloux, de sablages, de mélanges, avec Martin, pour atteindre, en sablant le béton, une paroi minérale avec des variations."
La Bibliothèque est en verre, tôle et aluminium blanc. Le Centre scientifique, qui prend la forme d'un cône et d'une sphère est couvert d'écailles de zinc sombre, anthracite, qui rappellent l'ardoise typique des constructions en Bretagne. Avec "Le gris rose, le blanc, l'anthracite : on a les trois couleurs des bâtiments existants."
voir aussi : le site de Ch. de Portzamparc
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La force de la peinture :

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Artaud Bernard Lacombe
Bernard Lacombe est peintre. Il est en sympathie avec l'écrit. Grand lecteur, "il sait de quoi les livres sont faits, qu'ils sont seulement faits de mots et de phrases d'où sortent texte et pensée liés et reliés, et que cela reste un mystère." (François Carassan).
Ami fidèle des écrivains d'aujourdhui comme de ceux du passé, il dialogue avec les uns, réalise des portraits pour d'autres ou nous donne à voir leur lieu de vie.
Bibliothèques prestigieuses ou privées sont le sujet d'une série de tableaux.
"Tant d'écrivains ont fait de la peinture la matière de leurs livres que c'est réjouissant de voir un peintre faire du livre la matière de ses toiles" (F. Carassan)
Gérard Georges Lemaire est quand à lui, l'auteur de nombreux textes sur les peintres, la peinture. Il introduit une nouvelle fois, en toute complicité, l'exposition de Bernard Lacombe, une importante rétrospective consacrée aux différentes périodes du travail de l'artiste : "Port Cros", "Les bibliothèques", "Les portraits", "Goya". Elle sera visible à partir de fin mars et dans le courant d'avril au Fort Napoléon de la Seyne- sur-mer
.Dans le même temps sept superbes toiles inspirées du Château de Kafka sont exposées à l'Abbaye de Beaulieu dans le cadre de la prestigieuse manifestation K comme Kafka pour laquelle les talents de Gérard Georges Lemaire ont été requis comme commissaire d'exposition.
Pour que cet événement qui concerne la région Midi-Pyrénées dans son entier prenne toute sa portée, viennent s'ajouter à la dimension plastique du projet des lectures, conférences, projections de cinéma, ateliers, flâneries...
voir : notre dossier Bernard Lacombe, notre dossier Liber amoris , notre dossier Gérard-Georges Lemaire
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Du 31 mars au 22 avril 2006
Rétrospective Bernard Lacombe
peintures et dessins
Fort Napoléon
83100 La Seyne-sur-mer
Du 11 mars 14 mai 2006
Exposition K comme Kafka
4 lieux - 23 artistes
Les toiles de Bernard Lacombe sont exposées à l'Abbaye de Beaulieu Ginals (82)
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K comme Kafka
Franz Kafka.
L'exposition, au fil des représentations et des fictions plastiques et visuelles qu'elle rassemble et met en dialogue, ménage des éclairages dans le tissu même d'un texte et d'un destin. Ce texte et ce destin, si cruellement liés, délibérément installés dans une cohérence tragique, sont à entendre comme la longue description à la
fois fantastique, lucide, tragique et ironique d'un combat dont chaque artiste nous livre son expérience de lecture, élaborée dans un double jeu et un je double.
L'oeuvre de Kafka, oeuvre insondable qui a su déjouer toutes les tentatives de récupération et d'élucidation pour avoir fait du secret même son noyau et des puissances qui nous régissent sa théologie camouflée, continue de nous interroger.
Loin de vouloir l'interpréter, les oeuvres présentées dans cette exposition en explorent et expérimentent la dimension onirique et métaphorique, en relaient l'actualité des questionnements tant sur le plan artistique, philosophique que politique.
Commissaire d'exposition Gérard Georges Lemaire
4 lieux de la région Midi Pyrénées
Château de Linardié, Sénouillac (81), Abbaye de Beaulieu, Ginals (82), Châteaumusée du Cayla, Andillac (81), Musée des Beaux-Arts, Gaillac (81)
23 artistes (présentés au Château de Linardié)
Santiago Arranz, Bernard Barillot, Sergio Birga, Hans Bouman, Chérif & Geza, Valerio Cugia, Daniel Dezeuze, Gerardo Dicrola, Andrea Fortina, Solange Galazzo, Gilles Ghez, Anne Gorouben, Paul Harbutt, Claude Jeanmart, Bernard Lacombe, Violaine Laveaux, Catherine Lopès-Curval, Paloma Navares, Nathalie du Pasquier, Patricia Reznikov, Benoît Tranchant, Vladimir Skoda, Jack Vanarsky
Bibliographie
Les métamorphoses de Frantz Kafka catalogue de l'exposition Prague - Paris, Musée de Montparnasse eds Sand oct 2002
Frantz Kafka, Gérard-Georges Lemaire Folio biographie oct. 2005
Un choix d'exposition en cours dans le blog d'Art Point France
Est-ce bien de l'art? Saint Cyprien voir Laurence Innocenti, Chatenay Malabry voir , Noir, gris, blanc Rouen voir , Peter Wutrich, Alex voir , Vingt sur vingt Montpellier voir , Mohamed Abouzour Marseille voir , Philippe de Gobert Toulon voir , Ivan Messac Orléans voir , Jean-Philippe Toussaint Toulouse voir, Antonio Saura Toulouse voir, Jean-Paul Héraud voir , Olivier Mosset Paris voir , Bang Bang Saint Etienne voir , Hans Hartung Angers voir ...
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