L'enjeu ou les enjeux de l'art sont suffisamment importants pour que nous nous questionnions à leur propos.
Dans ce dossier sont associés les points de vue de Pierre Givodan et Nicolas Grimaldi auxquels nous adhérons.
L'art ne nous intéresse que s'il nous parle de l'homme, de sa condition d'être dans le monde. Nous attendons de l'art qu'il s'approprie les valeurs de l'Universel, que son langage ait l'ambition d'être compréhensible par tous.
Nous condamnons les expressions du nihilisme.
Par ailleurs, l''artiste d'aujourd'hui sous prétexte de défendre la recherche en création peut parfois dangeureusement justifier le "rien" ou le "pas grand chose". Ainsi, en 2000, Gérard Fromanger dans un texte très illustré oubliant de mettre la création contemporaine dans sa perspective historique défendait à nos yeux des réalisations qui ne relèvent plus du domaine de l'art. (lire ci-dessous)
Lire nos critiques en fonction de l'actualité de l'art dans Art Point France Info
Notre Panorama des revues d'art et de littérature
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Paul Klee Composition
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Épiphanie ou agonie de l'art, c'est selon
Pierre Givodan
Toute ouvre d'art est d'emblée épiphanique.
En chaque tableau le mouvement de l'invisible au visible se concrétise dans le résultat.
Si comme l'a écrit Paul Klee « l'art ne reproduit pas le visible mais rend visible » la question qui demeure est celle du sens de cet invisible.
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Pierre Givodan questionne l'art actuel dans ses formes, ses implications et ses buts, en tenant compte du contexte historique et politique. Que nous révèle l'art d'aujourd'hui sur l'état et les valeurs de notre société occidentale? Dans quelle impasse, certaines tendances nous mènent-elles ?
"Epiphanie ou agonie de l'art" est le premier volet d'une réflexion en plusieurs points :
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- "L'art et la transfiguration"
- " Horreur esthétique"
- "Des Anciens et des Nouveaux dans l'art d'aujourd'hui"
- "La voie de l'idéal et le défi du XXIème siècle"
- "Art et politique"
- "Art et anticipation"
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>>> lire
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Qu’est-ce qui fait l’art d’un objet ?
Nicolas Grimaldi
Alors que les propriétés d’un objet en sont si constitutives qu’elles en sont inséparables, la dignité esthétique d’un objet n’est cependant qu’intermittente. Elle dépend donc bien plus de l’expérience du sujet que des caractères de l’objet. Souvent nous ne sentons plus l’art qu’on y admirait naguère, de même qu’il nous arrive d’y reconnaître un art que durant des siècles on y avait jamais perçu. Combien de tableaux naguère admirés et vendus à prix d’or n’encombrent désormais les caves des musées et ne nous paraissent plus qu’autant de témoignages historiques ! A l’inverse, la lumière frisante, les puissants contrastes, et les agrandissements de la photographie nous font désormais admirer comme des sculptures les motifs d’anciens lits clos bretons, des masques de combat japonais, ou les ailes immobiles d’anciennes charrues.
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Nicolas Grimaldi avec beaucoup de pertinence et de clarté cerne la question posée "Qu’est-ce qui fait l’art d’un objet ?" . Cet essai est paru dans le numéro 14 de la revue rehauts . Nous vous le livrons dans son intégralité .
>>> lire la suite de l'essai
>>> bio-bliographie de Nicolas Gimaldi
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Si vous n'aimez pas l'art contemporain, n'en dégoûtez pas les autres !
par Gérard Fromanger
Le texte de Gérard Fromanger publié dans les Inrockuptibles le 25 décembre 2000 est en partie une réponse aux propos critiques développés par Paul Virilio la même année, dans un ouvrage paru aux éditions Galilée ( Un art impitoyable et Procédure silence) et au delà une réflexion très illustrée sur le rôle de l'art contemporain, ses implications et ses formes.
>>> lire l'article dans son intégralité
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Bibliographie sélective :
du point vue de l'esthétique
- Horreur métaphysique Leszek Kolakowki eds Payot 1989
pour l'analogie entre le "destin" de la métaphysique et le" destin" de l'art
- Dans le château de Barbe-Bleue de George Steiner coll Folio Gallimard
par rapport à l'idée de la fin de la culture.
- Minima Moralia T. W. Adorno Petite Bibliothèque Payot (poche) ed 2003
pour l'idée de rédemption
- Le paradoxe du monothéisme de Henry Corbin coll Poche Biblio 1992 ed. de l'Herne 2003
pour la théorie de l'image icône.
note de l'éditeur : On sait que le judaisme, le christianisme et l'islam forment les trois branches de ce qu'il est convenu d'appeler le monothéisme, et sont issus d'une même source: la révélation faite à Abraham, qui a ainsi décidé de la foi révélée en un Dieu unique et transcendant, inconnaissable par les voies de la perception et de la raison.
Henry Corbin analyse les composants de ces trois grandes religions et montre que, par-delà leurs différences, elles ont finalement produit une vision du monde homogène, où dominent la Gnose, l'idée de Beauté et la défense de l'Individualité.
Or, par un étrange retournement, elles ont souvent dérivé, au cours de leur histoire, vers la violence et les formes de l'ordre totalitaire.
Le Paradoxe du monothéisme fait le point entre les deux voies: celle des Églises et celle des gnoses.
Un livre essentiel pour comprendre le dérapage des religions.
- Adorno, langage et réification Gilles Moutot ed. PUF 2004
pour le langage esthétique comme voilement et dé-voilement de l'absolu.
- Le temps de l'exil de Shmuel Trigano ed. Payot 2001 ; ed Rivages essai
pour le fondement de l'idée d'Universel
note de l'éditeur : Toute existence sur la terre est confrontée à la fuite du temps et des êtres, à l'exil. Les hommes se rassurent en s'imaginant enracinés dans le monde, mais le déracinement les guette un jour ou l'autre. L'" exil ", telle est la thèse de l'auteur, loin d'être une fatalité subie, est tout autre que le déracinement.
C'est une option existentielle face à la condition humaine, vécue comme une liberté créatrice héroïque, qui libère l'homme du déterminisme de la nature, pour lui ouvrir les voies du " retour ", d'une sortie d'exil qui ne serait plus tournée vers le passé - sans pourtant le rejeter - mais vers le futur.
A la façon d'un récit philosophique, ce livre nous fait vivre l'expérience du temps propre à la pérégrination géographique et mentale de l'exilé
du point de vue de la pratique
- Théorie de l'art moderne de Paul Klee Folio essa
pour le rapport visible invisible
note de l'éditeur : Quelle est la fonction de la peinture contemporaine ? Quels sont les rapports qu'elle entretient avec la musique, la poésie, les mathématiques, la biologie ?
Quels sont les pouvoirs de la ligne, de l'espace, de la forme, de la couleur et comment expriment-ils notre conscience nouvelle de nous-mêmes et de l'univers ?
Telles sont les questions fondamentales auxquelles Klee apporte une réponse dans Théorie de l'art moderne.
Ce livre groupe pour la première fois l'ensemble des textes théoriques parus du vivant de l'artiste, dont les célèbres Esquisses pédagogiques; il ouvre au lecteur le chemin de la création picturale. Il a, dans notre siècle, une importance égale à celle des Carnets de Vinci pour l'art et la pensée de la Renaissance.
- Vie de Henri Brulard de Stendhal Foliothèque Gallimard
pour le statut de l'artiste au XIXème
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Art et politique
La question de la fonction politique de l'art revient à l'ordre du jour. Hans Cova lui consacre un ouvrage Art et Politique - Les aléas d'un projet esthétique , Essai sur la projection politique de l'art paru en mai 2005 aux éditions de l'Harmattan .
Faisant le constat des impasses de l'avant-gardisme et des apories de la subversion sponsorisée, nous en sommes venus à douter de la valeur ontologique de l'expérience esthétique, perdue dans une marchandisation aliénante du monde. L'histoire veut que cette "fin de l'art" soit la conséquence d'une fragmentation processuelle du politique. Pourtant, l'esthétique pose toujours la question de sa projection politique.
Hans Cova nous dit, j'ai ouvert mon livre sur ces questions : "Que pouvons-nous attendre aujourd'hui de l'expérience esthétique ? Est-il encore possible de penser une fonction politique de l'Art ? Autrement dit : l'art peut-il encore revendiquer une sphère publique autonome où le jugement serait de nouveau convoqué ? L'art peut-il encore penser cet espace commun entre les hommes qui serait la contestation de la logique marchande actuelle ? "
Il pointe du doigt la responsabilté "des formes d'art très conceptuelles".
"Dans le domaine artistique, tout se passe comme si cette anesthésie latente de l'expérience esthétique, induites par certaines formes d'art contemporain très conceptuelles, prolongeait ce qui se passe dans la société, elle même de plus en plus médiatisée. Ce dévoiement qui illustre très bien le strabisme des facultés tantôt évoqué, nous montre comment nous nous sommes éloignés, non seulement des premiers balbutiements de l'esthétique, mais aussi de l'éducation esthétique schillérienne, pourtant le paragon des mouvements d'avant-garde."
Hans Cova plaide pour la réabilitation dans la création artistique d'un rapport sensible au monde, sans toutefois lui soustraire sa part de "matière grise" afin de repenser la fonction sociale et politique et politique de l'art.
Art et politique - Les aléas d'un projet esthétique , Essai sur la projection politique de l'art Hans Cova eds de l'Harmattan
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