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Professeur Émérite de l'Université de Paris-Sorbonne, Nicolas Grimaldi y a occupé la chaire d'Histoire de la philosophie moderne, puis celle de la Métaphysique. |
Socrate le sorcier
Socrate est le premier des philosophes. Faisant du langage l'unique fondement de sa logique et de sa logique l'unique fondement de sa doctrine, il développe une nouvelle conception de la vertu, de la connaissance, de l'âme, et de sa destinée future.
Mais en même temps, tous ses familiers en témoignent, Socrate était un sorcier. Comme le chaman dont Lévi-Strauss décrit l'efficacité symbolique, sa parole était guérisseuse. « Comme il nous a guéris! » s'émerveille Phédon.
Suivant pas à pas le développement de l'argumentation socratique, cet essai tente de répondre à trois questions.
1) De quel mal l'âme souffre-t-elle dont la philosophie puisse espérer la guérir?
2) Comment la logique peut-elle cicatriser la blessure de la négativité et remédier à l'originaire mélancolie?
3) Socrate croyait-il à la vérité de ce qu'il enseignait? En ayant placé tous ses espoirs dans sa doctrine de la vérité, n'avait-il pas fait de cette doctrine qu'une logique de l'espérance?
Nietzsche accusait Socrate d'avoir inventé la logique comme un analgésique pour assoupir l'esprit tragique des Grecs. Mais en décrivant l'échec comme originaire et le malheur comme irrémédiable la dernière philosophie de Platon ne fait-elle pas de la tragédie l'expérience même de la pensée?
S'il était vrai que Socrate eût été quelque chaman, la philosophie pourrait-elle n'avoir été que la longue psychanalyse de l'Occident?"
Traité des solitudes
Pas d'expérience plus immédiate ni plus évidente que celle d'être un moi, mais rien de plus énigmatique que sa réalité. Jamais son intensité et son inconsistance ne sont aussi manifestes que dans la solitude.
C'est elle que ne cessent de décrire les journaux intimes de Maine de Biran, d'Amiel, de Kafka et de Pessoa. Il suffisait à l'analyse de prendre appui sur leur témoignage pour élucider les divers statuts du moi et caractériser la crise de son identité. Quel hiatus entre ce que chacun sent de soi et ce qu'en imaginent les autres! Son obstination à explorer ce hiatus fait aussi de Simenon le romancier des solitudes. Nulle part aussi pathétiquement qu'en son oeuvre ne s'opposent la clandestinité de l'ego et les jeux de la représentation.
Nicolas Grimaldi continue par cette analyse de la solitude l'élucidation du malheur de la conscience commencée avec Le désir et le temps et poursuivie dans La jalousie chez Proust , le Court traité du désenchantement , ou Les ambiguïtés de la liberté .
En voyant que notre existence n'appelle sur elle aucun regard d'attention ou d'amour, nous nous sentons rejeté hors de l'existence... L'indifférence, soit qu'on l'éprouve, soit qu'on la subisse, ressemble à l'inertie et à la mort. Ou plutôt c'est une mort vivante, pire que la mort, par le sentiment de la présence d'une offre, qui est celle de la vie, et à laquelle en nous ni hors de nous rien ne vient répondre. La douleur de la solitude est toujours proportionnelle à l'espoir que nous avions de rencontrer un autre être avec lequel nous pensions pouvoir nous unir" . (Louis Lavelle). Ambivalence de la solitude, solitude comme privation, refoulement, exclusion. Nicolas Grimaldi nous fait franchir les étapes de ce chemin des solitudes, en compagnie de Amiel, Kafka, Pessoa.
voir aussi :
"Qu'est-ce qui fait l'art d'un objet ?" un essai de Nicolas Grimaldi paru dans la revue Rehauts que nous vous livrons dans son intégralité Lire
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Publications
Traité de la banalité, Presses Universitaires de France 2005
Socrate le sorcier, Presses Universitaires de France 2004
Suivant le développement de l'argumentation socratique, l'auteur tente d'identifier le mal dont souffre l'âme et que la philosophie peut espérer guérir, puis essaie de savoir comment la logique peut cicatriser la blessure de la négativité et remédier à la mélancolie.
Bref traité du désenchantement ,poche LGF 2004
Si constant, si général, si banal qu'on ne s'en étonne même plus, un fait est pourtant remarquable. Quelque avenir que l'homme ait imaginé, il ne se réalise jamais sans qu'il en soit secrètement déçu. Quelle est l'origine d'une aussi infinitésimale mais aussi universelle déception ? Une étude du passage de l'imagination à la perception, du possible au réel, de l'attente, du désir et du temps.
Traité des solitudes, Presses Universitaires de France 2003
Nicolas Grimaldi continue avec cette analyse de la solitude l'élucidation du malheur de la conscience commencée avec Le désir et le temps et poursuivie dans La jalousie chez Proust, le Court traité du désenchantement, ou Les ambiguïtés de la liberté.
L'Homme disloqué , Presses Universitaires de France 2001
Ambiguïtés de la liberté , Presses Universitaires de France 1999
Bref traité du désenchantement , Presses Universitaires de France 1998 (épuisé)
Études cartésiennes : Dieu, le temps, la liberté , Vrin, 1996
Dieu, le temps, la liberté : trois manières de poser le problème des rapports du fini et de l'infini. En confrontant les analyses de Descartes à celles de Malebranche et de Leibniz, ces six études posent et tentent de surmonter les antinomies rattachées à la confrontation de ces concepts.
Le souffre et le lilas, Essai sur l'esthétique de Van Gogh , La Versanne, Encre marine, 1995
D'un été à l'autre, pendant dix-huit ans, d'août 1872 à juillet 1890, Van Gogh n'a cessé de confier à ses lettres ses goûts, ses découvertes et ses déconvenues, ses exigences et ses déceptions, ses recherches et ses enthousiasmes. A telle occasion ou telle autre, il expose ses idées sur l'art, sur ce qu'il attend de la peinture, sur ses moyens d'expression, ses rapports à la nature, sur l'importance du dessin et le sens des couleurs. Bref, c'est toute une esthétique en miettes qu'il y a développée.
Il suffisait de la rassembler, de l'organiser, d'en reconstituer la cohérence, pour en faire apparaître la systématicité.
Nous nous sommes donc borné à réunir, sur divers thèmes fondamentaux, les textes mêmes de Van Gogh.
Sans doute est-ce nous qui questionnons, écrit Nicolas Grimaldi mais c'est toujours lui qui répond.
Le travail communion et excommunication , Presses Universitaires de France 1998
L'ardent sanglot, Cinq études sur l'art , La Versanne, Encre marine, 1994
Qu'est-ce que cet "ardent sanglot" que Baudelaire entendait aussi bien chez Vinci que chez Rembrandt, chez Goya ou chez Delacroix ? L'art est-il encore "pour les cours mortels un divin opium" ? Et en effet, indépendamment de toutes les circonstances historiques, de toutes les différences de style et d'inspiration, l'art a-t-il aujourd'hui le même sens qu'il avait à la Renaissance ou à l'époque des Lumières ? Avait-il encore pour Kant le même sens que pour Diderot ? Si Platon exilait les poètes de sa république, n'était-ce pas à cause de l'importance qu'il reconnaissait à l'art ? A l'inverse, si nous en acceptons tout et n'importe quoi, ne serait-ce pas parce que nous avons cessé de le prendre au sérieux ? Et si l'art était secrètement inséparable de la morale, les aventures de l'un ne seraient-elles pas que des avatars des tribulations de l'autre ?
Ainsi qu'en un kaléidoscope, organisant diversement les mêmes concepts et les mêmes problèmes, cet essai présente cinq vues sur ces questions.
Partie réservée à la correspondance , La Versanne, Encre marine, 1994
Voici de très anciennes cartes postales qui toutes témoignent d'un temps disparu.
Sur la partie réservée à la correspondance, un jeune homme avait griffonné quelques notes.
La plupart évoquent une patrie d'élection, qui était l'Espagne. A l'occasion d'une procession, d'une fête, ou d'une corrida, trois thèmes composent une sorte de basse obstinée : le bonheur, le désespoir et la mort.
Quant à l'adresse, elle avait été laissée en blanc...
La jalousie, étude sur l'imaginaire proustien , Arles, Actes Sud, 1993
Ontologie du temps , Presses Universitaires de France 1993
l'attente et la rupture
Le désir et le temps , 2e éd., Vrin, 1992
Descartes, La morale, présentation et choix de textes, Vrin, 1992
Six études sur la volonté et la liberté chez Descartes , Vrin, 1988 (épuisé)
Introduccion a la filosofia de la historia de K. Marx , Madrid, Dossat, 1988 (épuisé)
L'art ou la feinte passion. Essai sur l'expérience esthétique , Presses Universitaires de France 1983 (épuisé)
L'expérience de la pensée dans la philosophie de Descartes , Vrin, 1978 (épuisé)
Aliénation et liberté , Masson, 1972 (épuisé)
Le désir et le temps , Presses Universitaires de France 1971 (épuisé)
Le philosophe Grimaldi développe ici une phénoménologie du désir et une ontologie du temps.