Philippe Jaccottet

 

Philippe Jaccottet

 

 

Philippe Jaccottet, né à Moudon (Vaud) le 30 juin 1925, est considéré comme un des plus grands poètes suisses, et français, du XX e siècle. Après des études de lettres à l'université de Lausanne, il a été correspondant à Paris de l'éditeur vaudois Mermod. En 1953, il s'est établi à Grignan, dans la Drôme (Provence), où il vit toujours avec sa femme, peintre. Il a traduit du grec, de l'allemand, de l'italien et de l'espagnol. Il a reçu de nombreuses distinctions prestigieuses, et un nombre considérable d'essais ont été consacrés à son ouvre ; en italien, on signalera : AA.VV., La parola di fronte. Creazione e traduzione in Philippe Jaccottet , sous la direction de F. Melzi d'Eril Kaucisvili, Alinea, Roma 1998 ; Mattia Cavadini, Il poeta ammutolito. Letteratura senza io: un aspetto della postmodernità poetica. Philippe Jaccottet e Fabio Pusterla , Marcos y Marcos, Milano 2004. En français, entre autres, Philippe Jaccottet. Pages retrouvées, inédits, entretiens, dossier critique , textes réunis et présentés par Jean-Pierre Vidal, Payot, Lausanne, 1989 ; Alentour de Philippe Jaccottet , cahier spécial de la revue Sud , n° 80-81, 1989 ; Hervé Ferrage, Le pari de l'inactuel , Paris, Presses Universitaires de France, 2000 ; Philippe Jaccottet , Cahier Quatorze , sous la direction de Patrick Née et Jérôme Thélot, Le temps qu'il fait, Cognac, 2001 ; Laure Himy-Piéri, "Paysages avec figures absentes" de Philippe Jaccottet , Zoé, Carouge-Genève, 2007. Ses poésies sont traduites dans une vingtaine de langues.

 

Tout n’est pas dit, c’est le seul constat (heureux) que fait le lecteur devant les traces de son parcours. Il en va moins d’interprétations approximatives, d’étroitesse de vues que de la perte d’une ardeur, d’une douleur, d’une pudeur, qui parlent dans ces textes et que les mots de la critique ne cessent de perdre au fur et à mesure que, rassemblant, rapprochant, abstrayant, ils font croître le désert. Une œuvre donne, et combat ; celle de Jaccottet, un des grands poètes vivants, dont la voix juste ne nous offre pas seulement depuis un demi-siècle des eaux et des montagnes, de l’herbe et de la lumière pour nous réconcilier avec la terre, mais se tient entre les vivants et les ombres, relevant les morts qui tombent dans l’oubli, souffre avec les troupeaux de fuyards dans la neige, le froid qui monte dans l’histoire, dans la mauvaise conscience de celui qui vit abrité au pied de ses montagnes. De rêves en paysages, de lectures pénétrantes en abandon à la dérive des images, Jaccottet n’a cessé, de surcroît, de dessiner à travers ces univers sensibles le portrait du peintre.
L’évidence du simple et l’éclat de l’obscur, peut-être est-ce, du moins on peut en faire l’hypothèse, ce qui transparaît à travers les transformations de l’œuvre, et que l’on voudrait sauver par ces mots entre ombre et lumière, entre abstrait et concret. Ce qui la relie aussi, dans l’attention à l’élémentaire, lorsqu’il est donné dans la lumière mouvante des passages, aux poètes de sa génération. Le simple n’est pas l’immédiat, il revient dans les voix d’en bas, du fond de la terre des morts, de l’horizon des paysages, ou lorsque l’enfant paraît pour mêler à la sensation de l’adulte l’éclat de l’évidence, faire brûler dans la présence le feu de l’absence. Et, car il y a « deux nuits », à côté de la tache opaque de la mort, du mur où l’on tâtonne, une autre nuit fait voir ce que le jour cache, éclat de l’obscur illuminé par la lampe de la femme, ou substance diaphane qui demeure, quand les couleurs se sont retirées. Les dire tels qu’ils sont, entre proche et lointain, entre ce qui s’offre et ce qui se dérobe, fait de l’écriture et de la lecture une restitution de distances heureuses, détachant chaque chose dans la netteté de l’air et de la lumière, rémunérant la déchirure de la séparation, l’éloignement de soi dans son ombre. C’est le fil qui serpente entre les chapitres de cette étude.

Note de l'éditeur pour la présentation de
Philippe Jaccottet, l'évidence du simple et l'éclat de l'obscur, de Jean-Claude Mathieu, éditions Corti, 2003.

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Publications

Poésie, récits et carnets
Trois poèmes, Aux Portes de France, 1945.
Requiem, Mermod, 1947.
L'Effraie et autres poésies, Paris, Gallimard, 1953 dans la collection « Métamorphoses » ; 1979 dans la collection « Blanche ».
L'Ignorant, Paris, Gallimard, © 1957.
L'Obscurité, Paris, Gallimard, 1961.
La Semaison, Lausanne, Payot, 1963.
Airs, Paris, Gallimard, 1967.
Paysages avec figures absentes, Gallimard, © 1970 puis 1976.
Chant d'En-bas, 1974.
Chants d'en bas, Lausanne, Payot, 1974.
À la lumière d'hiver, Gallimard, 1974.
À travers un Verger, illustrations de Pierre Tal Coat, Fata Morgana, 1975.
Les Cormorans, gravures de Denise Esteban, Idumée, Marseille, 1980.
Des histoires de passage. Prose 1948-1978, Lausanne, Roth & Sauter, 1983.
Pensées sous les nuages, 1983.
La Semaison, Carnets 1954-1967, 1984.
Cahier de verdure, 1990.
Requiem, 1991.
Libretto, La Dogana, 1990.
Poésie, 1946-1967, Poésie/Gallimard, Paris, (1971) 1990.
Requiem (1946) ; suivi de, Remarques (1990), Fata Morgana, 1991.
Cristal et fumée, Fata Morgana, 1993.
À la lumière d'hiver ; précédé de, Leçons ; et de, Chants d'en bas ; et suivi de, Pensées sous les nuages, Gallimard, 1994
Après beaucoup d'années, Gallimard, 1994.
Autriche, Éditions L'Age d'homme, 1994.
Eaux prodigues, Nasser Assar, lithographies, La Sétérée, J. Clerc, 1994.
La Seconde Semaison : carnets 1980-1994, Gallimard, 1996.
Beauregard, postf. d'Adrien Pasquali, Éditions Zoé, 1997.
Paysages avec figures absentes, Gallimard, Paris, (1976) 1997, coll. « Poésie ».
Observations et autres notes anciennes : 1947-1962, Gallimard, 1998.
À travers un verger ; suivi de, Les cormorans ; et de, Beauregard, Gallimard, 2000.
Carnets 1995-1998 : la semaison III, Gallimard, 2001.
Notes du ravin, Fata Morgana, 2001.
Et, néanmoins : proses et poésies, Gallimard, 2001.
Nuages, Philippe Jaccottet, Alexandre Hollan, Fata Morgana, 2002.
Cahier de verdure ; suivi de, Après beaucoup d'années, Gallimard, coll. « poésie/gallimard », 2003.
Truinas / le 21 avril 2001, Genève, La Dogana, 2004.
Israël, cahier bleu, Fata Morgana, Montpellier, 2004.
Un calme feu, Fata Morgana, 2007.
Ce peu de bruits, Gallimard, 2008.
Le Cours de la Broye : suite moudonnoise, Moudon, Empreintes, 2008.
Couleur de terre, par Anne-Marie et Philippe Jaccottet, Fata Morgana, 2009.
La promenade sous les arbres, Éditions La Bibliothèque des Arts, 1er octobre 2009 (1re édition : 1988).
Le retour des troupeaux et Le combat inégal dans En un combat inégal, La Dogana, 2010.
Essais
L'Entretien des muses, Gallimard, 1968.
Rilke par lui-même, Editions du Seuil, 1971.
Adieu à Gustave Roud, Vevey, Bertil Galland, 1977 (avec Maurice Chappaz et Jacques Chessex).
Une transaction secrète, 1987.
Écrits pour papier journal : chroniques 1951-1970, textes réunis et présentés par Jean Pierre Vidal, Gallimard, 1994.
Tout n'est pas dit. Billets pour la Béroche : 1956-1964, Le temps qu'il fait, 1994.
Le Bol du pèlerin (Morandi), La Dogana, 2001.
À partir du mot Russie, Fata Morgana, 2002.
Gustave Roud, présentation et choix de textes par Philippe Jaccottet, Seghers, 2002.
De la poésie, entretien avec Reynald André Chalard, Arléa, 2005.
Remarques sur Palézieux, Fata Morgana, Montpellier, 2005.
Dans l'eau du jour, Gérard de Palézieux, Editions de la revue conférence, 2009.
Correspondances
André Dhôtel, A tort et à travers, catalogue de l'exposition de la Bibliothèque municipale de Charleville-Mézières avec des lettres de Jaccottet, 2000.
Correspondance, 1942 - 1976 / Philippe Jaccottet, Gustave Roud ; éd. établie, annotée et présentée par José-Flore Tappy, Gallimard, 2002.
Philippe Jaccottet, Giuseppe Ungaretti Correspondance (1946-1970) - Jaccottet traducteur d'Ungaretti, Édition de José-Flore Tappy, Paris, Gallimard, coll. « Les Cahiers de la NRF », 21-11-2008, 256 p.
Traductions
La Mort à Venise, Mermod, Lausanne, 1947 ; La Bibliothèque des Arts, Lausanne, 1994.
L'œuvre de Musil, de 1957 (L'Homme sans qualités) à 1989 (Proses éparses) au Seuil.
Hypérion ou l'Ermite de Grèce, Friedrich Hölderlin, Mermod, Lausanne, 1957 ; édité en « Poésie/Gallimard », Paris, 1973.
Œuvres, Friedrich Hölderlin, sous la direction de Philippe Jaccottet, Gallimard (« Bibliothèque de la Pléiade »), 1967.
L'œuvre de Rainer Maria Rilke, de 1972 à 2008 (avec Les élégies de Duino chez La Dogana).
Malina, Ingeborg Bachmann, Seuil, Paris, 1973.
Vie d'un homme, Poésie 1914-1970, Giuseppe Ungaretti, traduction de Philippe Jaccottet, Pierre Jean Jouve, Jean Lescure, André Pieyre de Mandiargues, Francis Ponge et Armand Robin, Gallimard et Minuit, Paris, 1973.
Haïku présentés et transcrits par Philippe Jaccottet, Fata Morgana, Montpellier, 1996.
D'une lyre à cinq cordes, traductions de Philippe Jaccottet 1946-1995, Gallimard, Paris, 1997.
Anthologies
Une constellation, tout près, La Dogana, 2002.
D'autres astres, plus loin, épars. Poètes européens du xxe siècle siècle, La Dogana, Genève, 2005.

Sur l'auteur

Philippe Jacottet, l'évidence simple et l'éclat de l'obscur de Jean-Claude Mathieu éd. José Corti