Stéphane Zagdanski

 

Stéphane Zagdanski est né à Paris en 1963

Ecrivain et intellectuel, Stéphane Zagdanski a publié un essai des plus polémiques sur le général de Gaulle, intitulé 'Pauvre de Gaulle', paru en 2000. Puis, il s'attaque au cinéma avec 'La mort dans l'oeil', une critique du cinéma comme "vision, domination, falsification, éradiction, fascination, manipulation, dévastation, usurpation".

La critique sociale et morale chez Stéphane Zagdanski s'adosse à une énorme bibliothèque. Lecteur autant qu'auteur, son langage est celui de l'impertinence. Il accorde toute sa place au mot, son territoire est la seule littérature, ses horizons, l'érotisme, la mystique, ...

 

Entretien 1

JLT - Dans les Intérêts du temps , vous racontez l'histoire d'un écrivain en train d'écrire un livre .

SZ - C'est cela. Il n'appelle pas cela un livre mais un agenda.

JLT - N'est-ce pas un thème trop récurrent dans la littérature française ? Cela veut-il dire qu'on n'arrive pas à se débarrasser de Proust, qu'on manque d'imagination ou que ce type d'histoire est plus pratique ?

SZ - Non. D'abord, ce type d'histoire où l'auteur est mis en scène à l'intérieur même de son propre roman ne commence pas seulement avec Proust. Il est aussi chez Céline, mais bien avant chez Cervantès. Et bien d'autres avant lui. Le manuscrit de Don Quichotte apparaît dans Don Quichotte . Les ouvres de Cervantès apparaissent dans la bibliothèque de Don Quichotte. Ce type d'histoires vient donc d'assez loin et parcourt l'ensemble du roman européen. J'ai utilisé ce type d'histoire dans les Intérêts du temps parce que je m'étais fixé une nouvelle fois un but et ce type d'histoire est ici nécessaire. Le narrateur devait être écrivain ou conscient des enjeux de l'écriture. Ce n'était donc pas par impotence ou manque d'imagination. J'aurais très bien pu raconter autre chose. Dans ce roman-là, j'ai voulu décrire la lutte d'un individu, nourri de littérature, contre le journalisme. Il est tout d'abord employé dans un journal. Pour lui, écrire reste quasiment sacré. Mais il n'aime pas la manière dont les journalistes utilisent le verbe : comme des esclaves de l'image, tout en se proclamant écrivains. Mais la détestation des journalistes ne date pas d'hier. Je n'ai fait que suivre une tradition gigantesque que l'on aurait tendance à l'oublier.

Propos recueillis par Delphine Chagnon & Jean-Louis Tallon
Lyon - Janvier 2002 (extrait)

Entretien 2

"Ecrire, c'est laisser son corps s'exprimer par quelque chose qui semble extraordinairement abstrait, le langage, et qui pourtant est extraordinairement concret, qui est d'une intensité charnelle très forte. C'est pour cela qu'un de mes premiers textes s'appelle La Chair et le verbe (je suis en train de le relire pour préparer un recueil de textes). De même qu'un corps est le fruit d'une certaine généalogie, d'une certaine éducation, mais aussi d'une certaine civilisation, de même l'écriture est marquée par là d'où elle vient : plus la mémoire remonte en profondeur dans le temps, plus elle a d'acuité et d'énergie pour décrire, comprendre et lutter contre ce dont elle est contemporaine. "

Stéphane Zagdanski - propos recueillis Thomas Regnier

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Bibliographie sélective

Paysage avec don Quichotte

Philippe Fretz, Stéphane Fretz, Stéphane Zaech

Textes de Stéphane Zagdanski éditions art&fiction

voir l'ouvrage

(diffusion Art Point France)

Publications

De l'antisémitisme, Stéphane Zagdanski, Editions Climats 2006

Paru en 1995 chez Fayard, ce livre explore l'histoire de l'antisémitisme. Nouvelle édition revue et augmentée.

Jouissance du temps , Stéphane Zagdanski, Editions Fayard, roman, 2005

Note de l'éditeur
Le Sexe, le Désir, l'Amour, l'Indifférence ; ces thèmes sont vieux comme le monde. Le meilleur moyen de rafraîchir le récit de ce qui peut exister entre un homme et une femme, en évitant à la fois la mièvrerie mollasse et le porno putride, consiste par conséquent à user de variations. Ainsi, ici, chaque nouvelle s'élabore dans un style d'écriture différent. De la sensualité tao au monologue mystique d'un nu célèbre en passant par le troubadourisme techno, la prostitution travestie, l'envoûtement sexuel, le viol mondain, la solitude libidinale ou la lettre de rupture, il s'agit de faire virevolter la girandole du langage pour contrecarrer le décor social fomenté par la frigidité haineuse, le calcul bavard, la crispation creuse. Voilà pourquoi Dieu en personne apparaît, ici et là, sous la figure de l'Ecrivain. En créant Adam et Eve, il imposa l'embrouillamini millénaire des rapports entre les deux sexes. Il était juste de le désigner comme celui qui inaugure en la matière les exercices spirituels du style.


L'impureté de Dieu  -  La lettre et le péché dans la pensée juive
Stéphane Zagdanski , éds du Felin,  poche,  essai 2005 -

"Ma passion pour la pensée juive est singulière.
Élevé dans une atmosphère ashkénaze au traditionalisme minimaliste et permissif, ma pratique et ma connaissance du judaïsme se résumaient à avoir été circoncis, fait ma bar-mitsvah et appris pendant l’enfance quelques prières en grande partie oubliées depuis. À dix-neuf ans je lus la Bible, d’un bout à l’autre, comme un roman, comme j’allais lire Homère, Dante et Shakespeare. J’en étais là lorsque, à vingt ans, j’ouvris pour la première fois les Lectures talmudiques d’Emmanuel Lévinas…" extrait de la préface à la deuxième édition lire la préface en entier

La mort dans l'oeil , Stéphane Zagdanski , éds Maren Sell,  broché, essai  /2004

Note de l'éditeur
" Le cinématographe ne s'est pas métamorphosé en une industrie gigantesque et omnipotente par hasard. L'idée du cinéma exista avant de naître. Si on le dit mort, désormais, c'est afin de ne pas s'avouer qu'il est la Mort se survivant sous la forme d'un zoo humain à l'échelle planétaire. " Ce livre n'est pas contre le cinéma. Il décortique les rouages d'un phénomène planétaire dont l'influence s'exerce sur tout un chacun. D'après Stéphane Zagdanski, cette gigantesque machine à illusion n'a jamais été pensée de façon critique. Il nous livre une réflexion se déployant de Platon jusqu'à Matrix, en passant par les frères Lumière, Godard et CNN. L'industrie cinématographique réduit le spectateur à une instance passive, médusée. Les cauchemars et les rêves que l'image suscite, s'incarnent en des corps modulables à merci par le Politique, l'Économique, l'Esthétique et l'Idéologique. Serait-ce que cette machinerie de l'écran fait écran, que la toile voile nos vérités individuelles ? La Mort dans l'Oil risque de déranger bien des routines d'exaltation réflexe. " Certes, on a le droit d'aduler ce qui vous manipule, mais qu'on n'espère pas être appelé d'un autre nom que celui d'esclave. " Au commencement était le verbe. L'image aura-t-elle le mot de la fin ?

Noire est la beauté , Stéphane Zagdanski, coll Lgf,  poche ; roman 2003

Noire est la beauté, Stéphane Zagdanski , éds Pauvert, roman 2001

Note de l'éditeur : D'abord, ce fut de l'admiration.
Dès les premiers instants, au Saphir, j'ai été saisi par sa grâce d'infante indiquant son bon plaisir: Tu vas bien me lécher, ouh I ça va être très bon !
Dit sans dureté, d'un ton empreint d'une tendresse triomphale, telle une épousée sûre de sa victoire. Je fus ébloui par sa manière royale de deviner que dévorer sa fibre fondante, comme un chiot mordillant un os en caoutchouc en jappant de joie, était le meilleur moyen de m'exciter intensément. Ce demi-égoïsme divinatoire et accueillant, la prédiction de nos jouissances - car son " ça va être très bon ! " me concernait autant qu'elle, et elle le savait -, enrobés dans le sirop orangé de son accent africain, comme si elle me tendait ses mots mêmes à lécher, trempés dans sa voix à la fois sirupeuse et granulée par son timbre éraillé, avec la touche acide, la griotte de son petit cri posé au sommet de sa phrase..., tout cela agit sur mon cerveau à l'instar d'un philtre.
Je fus heureux de ne pas résister à ce ravissement. "

Exploration de l'univers sexuel et pictural du continent ici doublement noir de la femme, le roman de Stéphane Zagdanski se dévore avec une simplicité gourmande.


Les joies de mon corps  -  Florilège , Stéphane Zagdanski , éds Pauvert,  roman 2003

Note de l'éditeur : Avec Les joies de mon corps , florilège de textes d'une grande diversité, Stéphane Zagdanski nous livre une vision littéraire dont l'apparente hétérogénéité renvoie à des lignes de forces d'une cohérence saisissante : l'érotisme, bien sûr, mais aussi la résurrection, la solitude, la félicité, le génie, la subversion... Ces thèmes forment un noud irréductible vers lequel confluent sources, rivières, torrents, fleuves et affluents de la pensée, somme d'heures oisives où les lectures et les émotions réflexives qu'elles suscitent prennent corps pour transfigurer le monde révélé par elles.
« Mes mots ne sont pas des images, et comme eux je ne serai jamais sage. »

Fini de rire , Stéphane Zagdanski, éds Pauvert ,roman   , 2003

note de l'éditeur : Fini de rire est un recueil d’études embrassant d’un grand élan les littératures antiques, talmudiques, classiques et modernes. On y retrouve cette justesse d’analyse qui caractérise Stéphane Zagdanski, accouplée à une vision aussi impertinente que pessimiste de la modernité.
« Quand parut en revue mon premier texte, La chair et le verbe, je croyais comme Poe à l’existence «d’intelligences humaines profondes, douées d’un prudent discernement », qui ne pourraient «s’empêcher d’être satisfaites de mes simples suggestions». Je n’y crois plus. »

Le cinéma ça n'existe pas , Stéphane Zagdanski , éds du Rocher,  broché , guide  2003


La vérité nue , Alina Reyes, Stéphane Zagdanski , éds Pauvert essai 2002

Note de l'éditeur : Une femme et un homme se livrent l'un à l'autre, paisiblement, librement, comme si personne ne devait jamais prendre connaissance de leurs échanges.
Ils parlent de ce qui leur tient à coeur l'écriture, la lecture, leurs corps, leurs histoires d'amour, leurs enfances, leurs découvertes parallèles de la sexualité et de la littérature, leurs vies, leurs déchiffrages des religions et des idéologies, leurs expériences du monde contemporain, de ses pièges obscurs, de ses éclatantes surprises.
La différence des sexes est ici à la fois explorée et exorcisée. Une étrange complicité naît au fil de la parole, comme si, chacun écoutant l'autre dans sa fraîche nudité, AIina Reyes et Stéphane Zagdanski avaient fait un enfant. Un enfant de mots.

Stéphane Zagdanski est né à Paris en 1963.
Il mesure 1,83 m, pèse 75 kg.

AIina Reyes est née à Bordeaux en 1956
(1,64 m avec talons, 49 kg sans chaussures).

Autour du désir , Stéphane Zagdanski , éds Passeur , roman 2001

Pauvre de Gaulle ! , Stéphane Zagdanski, éds Pauvert,  2000

Note de l'éditeur : Pour S. Zagdanski, le Totem emblématique de la Nation, l'Idole suprême, le Sauveur providentiel, l'homme qui passe pour avoir rendu à un pays occupé par les barbares son honneur, sa gloire, le libérateur solitaire, le stratège novateur, le démocrate acharné, le réformateur impassible, le justicier impartial, le négociateur impavide, le ferme décolonisateur de l'empire branlant, l'irréfragable mémorialiste, l'homme de lettres raffiné, le miraculeux réformateur de la Constitution moribonde, le thaumaturge de l'armée affaiblie, le prince du nucléaire, le pacha des formules, le génie des bons mots, l'aristocrate des bains de foule, l'inouï visionnaire de la modernité contemporaine. ne fut jamais au fond qu'un vulgaire politicien publicitaire au charabia charlatanesque, un diplomate cynique et ingrat, un menteur impénitent, un soldat raté, un théoricien surfait, un mégalomane colérique, autoritaire, despote dans l'âme, un bourgeois faible d'esprit, un réactionnaire stupide gavé dès l'adolescence et jusqu'à son déclin sous les quolibets révolutionnaires des pires idéologies que le xixe siècle français a produites, un apprenti écrivain vulgaire et laborieux, s'illusionnant sur tout et d'abord sur lui-même, féru des stéréotypes romantico-fascistes les plus écourants, témoignant d'une indulgence proche de la fascination pour les pires canailles de son temps, insensible et paternaliste, vaniteux et grandiloquent, parfois paranoïaque, toujours mythomane, révisionniste, mystificateur, rigolo ringard... Pour l'auteur il était temps, après un demi-siècle de sottise française, de pulvériser le colosse de plâtre.
Place au rire. Au cour de l'actualité laudative qui tresse des lauriers au général de Gaulle (sortie en Pléiade des Mémoires de guerre , sortie chez Fayard du tome III de C'était de Gaulle d'Alain Peyrefitte, et sortie en poche des tomes I et II ), les éditions Pauvert lancent ce pavé dans la mare. Un mythe décapé par une plume irrésistible et assassine.

Le crime du corps  -  écrire est-ce un acte érotique ? , Stéphane Zagdanski, éds Pleins Feux 1999

Miroir amer, Stéphane Zagdanski, éds Gallimard 1999

Les interets du temps , Stéphane Zagdanski , éds Gallimard 1996

Celine seul , Stéphane Zagdanski, éds Gallimard 1993

L'impurete de dieu , Stéphane Zagdanski, éds du Felin 1991


le Sexe de Proust , éd. Gallimard (1994)
De l'antisémitisme , éd. Julliard (1995)
Mémoire , éd. Julliard (1997)