Stéphane Zagdanski
Entretien 1JLT - Dans les Intérêts du temps , vous racontez l'histoire d'un écrivain en train d'écrire un livre . SZ - C'est cela. Il n'appelle pas cela un livre mais un agenda. JLT - N'est-ce pas un thème trop récurrent dans la littérature française ? Cela veut-il dire qu'on n'arrive pas à se débarrasser de Proust, qu'on manque d'imagination ou que ce type d'histoire est plus pratique ? SZ - Non. D'abord, ce type d'histoire où l'auteur est mis en scène à l'intérieur même de son propre roman ne commence pas seulement avec Proust. Il est aussi chez Céline, mais bien avant chez Cervantès. Et bien d'autres avant lui. Le manuscrit de Don Quichotte apparaît dans Don Quichotte . Les ouvres de Cervantès apparaissent dans la bibliothèque de Don Quichotte. Ce type d'histoires vient donc d'assez loin et parcourt l'ensemble du roman européen. J'ai utilisé ce type d'histoire dans les Intérêts du temps parce que je m'étais fixé une nouvelle fois un but et ce type d'histoire est ici nécessaire. Le narrateur devait être écrivain ou conscient des enjeux de l'écriture. Ce n'était donc pas par impotence ou manque d'imagination. J'aurais très bien pu raconter autre chose. Dans ce roman-là, j'ai voulu décrire la lutte d'un individu, nourri de littérature, contre le journalisme. Il est tout d'abord employé dans un journal. Pour lui, écrire reste quasiment sacré. Mais il n'aime pas la manière dont les journalistes utilisent le verbe : comme des esclaves de l'image, tout en se proclamant écrivains. Mais la détestation des journalistes ne date pas d'hier. Je n'ai fait que suivre une tradition gigantesque que l'on aurait tendance à l'oublier. Propos recueillis par Delphine Chagnon & Jean-Louis Tallon Entretien 2"Ecrire, c'est laisser son corps s'exprimer par quelque chose qui semble extraordinairement abstrait, le langage, et qui pourtant est extraordinairement concret, qui est d'une intensité charnelle très forte. C'est pour cela qu'un de mes premiers textes s'appelle La Chair et le verbe (je suis en train de le relire pour préparer un recueil de textes). De même qu'un corps est le fruit d'une certaine généalogie, d'une certaine éducation, mais aussi d'une certaine civilisation, de même l'écriture est marquée par là d'où elle vient : plus la mémoire remonte en profondeur dans le temps, plus elle a d'acuité et d'énergie pour décrire, comprendre et lutter contre ce dont elle est contemporaine. " |
Bibliographie sélectivePaysage avec don Quichotte Philippe Fretz, Stéphane Fretz, Stéphane Zaech Textes de Stéphane Zagdanski éditions art&fiction voir l'ouvrage(diffusion Art Point France) Publications De l'antisémitisme, Stéphane Zagdanski, Editions Climats 2006 Paru en 1995 chez Fayard, ce livre explore l'histoire de l'antisémitisme. Nouvelle édition revue et augmentée. Jouissance du temps , Stéphane Zagdanski, Editions Fayard, roman, 2005 Note de l'éditeur
"Ma passion pour la pensée juive est singulière. La mort dans l'oeil , Stéphane Zagdanski , éds Maren Sell, broché, essai /2004 Note de l'éditeur Noire est la beauté , Stéphane Zagdanski, coll Lgf, poche ; roman 2003 Noire est la beauté, Stéphane Zagdanski , éds Pauvert, roman 2001 Note de l'éditeur : D'abord, ce fut de l'admiration. Exploration de l'univers sexuel et pictural du continent ici doublement noir de la femme, le roman de Stéphane Zagdanski se dévore avec une simplicité gourmande.
Note de l'éditeur : Avec Les joies de mon corps , florilège de textes d'une grande diversité, Stéphane Zagdanski nous livre une vision littéraire dont l'apparente hétérogénéité renvoie à des lignes de forces d'une cohérence saisissante : l'érotisme, bien sûr, mais aussi la résurrection, la solitude, la félicité, le génie, la subversion... Ces thèmes forment un noud irréductible vers lequel confluent sources, rivières, torrents, fleuves et affluents de la pensée, somme d'heures oisives où les lectures et les émotions réflexives qu'elles suscitent prennent corps pour transfigurer le monde révélé par elles. Fini de rire , Stéphane Zagdanski, éds Pauvert ,roman , 2003 note de l'éditeur : Fini de rire est un recueil d’études embrassant d’un grand élan les littératures antiques, talmudiques, classiques et modernes. On y retrouve cette justesse d’analyse qui caractérise Stéphane Zagdanski, accouplée à une vision aussi impertinente que pessimiste de la modernité. Le cinéma ça n'existe pas , Stéphane Zagdanski , éds du Rocher, broché , guide 2003
Note de l'éditeur : Une femme et un homme se livrent l'un à l'autre, paisiblement, librement, comme si personne ne devait jamais prendre connaissance de leurs échanges. Stéphane Zagdanski est né à Paris en 1963. AIina Reyes est née à Bordeaux en 1956 Autour du désir , Stéphane Zagdanski , éds Passeur , roman 2001 Pauvre de Gaulle ! , Stéphane Zagdanski, éds Pauvert, 2000 Note de l'éditeur : Pour S. Zagdanski, le Totem emblématique de la Nation, l'Idole suprême, le Sauveur providentiel, l'homme qui passe pour avoir rendu à un pays occupé par les barbares son honneur, sa gloire, le libérateur solitaire, le stratège novateur, le démocrate acharné, le réformateur impassible, le justicier impartial, le négociateur impavide, le ferme décolonisateur de l'empire branlant, l'irréfragable mémorialiste, l'homme de lettres raffiné, le miraculeux réformateur de la Constitution moribonde, le thaumaturge de l'armée affaiblie, le prince du nucléaire, le pacha des formules, le génie des bons mots, l'aristocrate des bains de foule, l'inouï visionnaire de la modernité contemporaine. ne fut jamais au fond qu'un vulgaire politicien publicitaire au charabia charlatanesque, un diplomate cynique et ingrat, un menteur impénitent, un soldat raté, un théoricien surfait, un mégalomane colérique, autoritaire, despote dans l'âme, un bourgeois faible d'esprit, un réactionnaire stupide gavé dès l'adolescence et jusqu'à son déclin sous les quolibets révolutionnaires des pires idéologies que le xixe siècle français a produites, un apprenti écrivain vulgaire et laborieux, s'illusionnant sur tout et d'abord sur lui-même, féru des stéréotypes romantico-fascistes les plus écourants, témoignant d'une indulgence proche de la fascination pour les pires canailles de son temps, insensible et paternaliste, vaniteux et grandiloquent, parfois paranoïaque, toujours mythomane, révisionniste, mystificateur, rigolo ringard... Pour l'auteur il était temps, après un demi-siècle de sottise française, de pulvériser le colosse de plâtre. Le crime du corps - écrire est-ce un acte érotique ? , Stéphane Zagdanski, éds Pleins Feux 1999 Miroir amer, Stéphane Zagdanski, éds Gallimard 1999 Les interets du temps , Stéphane Zagdanski , éds Gallimard 1996 Celine seul , Stéphane Zagdanski, éds Gallimard 1993 L'impurete de dieu , Stéphane Zagdanski, éds du Felin 1991
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