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Pierre Givodan est né en 1958 en Algérie. Etudes supérieures à Aix-en-Provence et Paris. Peintre et écrivain, il compte de nombreuses expositions en France depuis vingt ans. Ancien journaliste à Var matin, il a produit des textes pour des revues spécialisées, INA magazine, Grand Maghreb, il a aussi enseigné la philosophie et les lettres pendant une quinzaine d'années et animé une galerie d'art contemporain pendant cinq ans. Il collabore régulièrement depuis 2005 au web magazine Art Point France Info.
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Paradoxe de l'art
L'art se déploie hors du monde dans les grottes de la Préhistoire, au fond des cryptes de l'Egypte, dans les cathédrales chrétiennes, voire dans l'esprit du poète.
L'art n'est pas une activité qui résume l'action de l'homme en société. L'artiste ne se réduit pas à un historien manqué, pas plus qu'à un chroniqueur du passé. Il existe une dimension utopique de l'art qui le caractérise en tout temps et en tout lieu. Ainsi un art qui serait le simple reflet d'une société, un art réaliste, pourrait être comparé à l'activité d'un publicitaire qui vendrait sa marchandise politique (dans sa version nationale ou internationaliste). Ainsi l'art est bien quelque part en dehors du monde. Mais pourquoi ?
L'art nous place en deçà, ou au-delà, de l'historicité parce que nous sommes bien des êtres incomplets ou pas encore nés ; disons en gestation. Nous aspirons à bâtir notre chez soi dans le monde, à le cultiver. Nous avons vocation à l'humaniser. Notre perspective relève d'un plan que certains appelleraient "divin" et d'autres "contre nature"...
Ennemi de la Nature, l'artiste fabrique des objets sonores, visuels, scripturaires imaginaires. Ainsi il anticipe une réalité qui concurrence le monde présent et lui oppose un miroir déformant.
Dans quelle mesure l'artiste peut-il ainsi être considéré comme provocateur de malaise ; comme gênant ?
Hé bien ! parce qu'il désigne du doigt les imperfections, monstruosités, faiblesses en tout genre d'un univers dont les défauts lui sautent aux yeux : figures du mal, précarité, impermanence...
Ainsi le rôle qu'occupe l'art est unique. L'artiste demeure celui par qui toutes les formes de l'absurdité sont transcendées en des monuments à la gloire de l'esprit, jusque dans des formes les plus apparemment fragiles ou ridiculement incertaines. Protestation infinie contre l'Etre dans toutes ses versions bancales, l'art est le symptôme de la maladie de l'homme ou sa conscience, et de sa santé ou son espérance sous-jacente.
Pierre Givodan «Chroniques intempestives et subjectives à propos de l'art » (extrait)
voir aussi : le site personnel de Pierre Givodan
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Bibliographie sélective
"Chroniques intempestives et subjectives à propos de l'art "
Un choix de chroniques "intempestives" et "actuelles" publiées dans le web magazine Art Point France Info accompagnés de trois essais. éditions Complicité 2008, prix : 17€
Le miroir de l'art
Identité numérique et démarche esthétique
«Chroniques intempestives et subjectives à propos de l'art » de Pierre Givodan, ed.Complicités juin 2008
"Les chroniques intempestives et subjectives à propos de l'art" de Pierre Givodan paraît en juin aux éditions Complicités. L'ouvrage regroupe un choix de chroniques "intempestives" et "actuelles" que j'ai publiées régulièrement depuis environ deux ans dans le Web magazine, Art Point France Info.
L'éditrice du livre, Chantal Vieuille a opéré un choix de textes, qu'elle a agencé, bousculant la chronologie, dans un ensemble organisé qui reste ouvert. Car le livre n'est pas un puzzle. Dans leur succession, les articles révèlent la cohésion et la pertinence du propos de l'auteur dont l'écriture est fondée sur des expériences de lecture, d'écoute et de peinture.
En effet Pierre Givodan est peintre, sa critique se nourrit non seulement de ce qu'il voit, écoute, lit, mais aussi de sa recherche personnelle, de sa pratique particulière. Cela induit des partis-pris, des obsessions, des récurrences, des rejets aussi, et en parallèle une capacité à dévoiler des démarches d'artistes, à traduire, interpréter des oeuvres majeures ou émergentes. Le questionnement réflexif est tourné à la fois vers le monde de l'art et vers l'auteur lui même. Son point de vue est subjectif, donc singulier et c'est bien là ce que l'on attend.
D'ailleurs, les internautes ont validé ce travail de critique. Ils sont des milliers à lire régulièrement sur le Net les articles de Pierre Givodan, ses comptes-rendus d'expositions, tous, textes brefs et finalisés qui portent principalement sur la peinture mais aussi sur la musique et la littérature.
On a trop entendu dire que les internautes ne lisaient pas, mais se contentaient des images. Mon expérience de plusieurs années sur Internet me prouve le contraire Il y a une vraie appétence de lecture à l'écran. Encore faut-il écrire pour celui-ci. C'est que qu'a parfaitement compris Pierre Givodan. Il s'est débarassé des conventions littéraires et journalistiques. Son écriture exploite tous les registres, l'essai, la fiction, la poésie. Pas de digressions, ni de développements inutiles, elle est concise, dense et imagée. Elle favorise paradoxalement la rapidité de la lecture et la méditation.
De l'écran à la page, de l'Internet au livre.
Si l'échelle des phrases et des mots est directement liée à la nature du support, le texte est aussi superbement accueilli par la page blanche. Un livre ici s'imposait. Mais non pas un simple recollement de ce qui préexistait. Non ! un vrai projet d'édition dans sa dimension intellectuelle et matérielle. La mise en oeuvre d'un désir d'ordre, de sens et de globalité pour poursuivre le dialogue avec d'autres lecteurs. La possibilité offerte de tenir un objet-livre entre ses mains et sous ses yeux. De le feuilleter au hasard ou aidé par les index. De le lire de part en part comme un essai documenté écrit par un critique averti.
Catherine Plassart Art Point France Info
Le Mont Sisyphe (extrait)
1 - Je m'en vais
Tu arrives, tu repars, je veux juste te parler
Tu quittes la chambre
Tu vides les placards
Ton amour pour moi vole en éclats
Quand tu vas mal je t'appelle, il faut qu'j't'appelle
Je m'en vais franchir le Mont Sisyphe
Une autre fois
Une autre fois
Solo de guitare, saxo, comment peux-tu dire ça ?
Tu t'en vas toute seule, mais je n'y crois pas
Une autre fois
Solo de guitare
Et tu pleures, tu cries, tu jet' des flammes
Quand je sais que ton coeur m'appelle.
Cesse de te plaindre de moi, l'orgue chantera
Il faut encore que je dise
Je t'aime, oui, il faut le dire.
Pierre Givodan