Jacques Ancet

 

 

Jacques Ancet est né à Lyon en 1942. Il vit près d'Annecy où il a enseigné en classes préparatoires aux grandes écoles, littéraires et commerciales

. Il a écrit et publié de nombreux recueils de poésies, des essais.

On lui doit de nombreuses traductions de poètes contemporains de langue espagnole : Luis Cernuda, Vicente Aleixandre, ainsi que des latino-américains comme Alejandra Pizarnik, Xavier Villaurrutia ou Luis Mizón .

" Le désir de traduire m'est venu d'un désir d'écrire l'émotion ou le bouleversement d'une lecture. Je crois qu'écrire et traduire participent du même mouvement. Les traducteurs de poètes sont souvent eux-mêmes des poètes et les qualités qu'on veut bien reconnaître à mes traductions tiennent, en réalité, aux exigences d'une écriture personnelle sans laquelle elles n'auraient pas existé."

Il tient José Angel Valente pour un très grand poète, il le connaît bien : "J'ai découvert la poésie de Valente à un moment charnière de son évolution : celui qui la conduit d'une parole qui témoigne, médite, chante, dénonce, à une parole qui, comme certains astres lointains, semble imploser, s'abîmer dans sa propre profération, faisant du poème l'espace vide d'une apparition."

Traduire c'est dialoguer entre poètes. "...C'est s'installer dans l'espace de cette divergence et s'y maintenir. Afin que l'un restant l'un et l'autre restant l'autre, une véritable compréhension puisse s'instaurer. Tout ceci pour vous dire que Valente en français, c'est et ce n'est plus Valente : c'est Ancet + Valente, c'est-à-dire autre chose. L'intraduisible est une idôle que tout traducteur brise à chaque traduction nouvelle."

Seul le poète peut traduire un autre poète.

Innocence du jour

sur la poudre des tuiles, l'oiseau s'ouvre
et se ferme. Son cri perce le ciel.
du silence coule un visage obscur :
gouttes lentes dans l'ombre du cyprès.

un visage ? Peut-être un souvenir,
qui peut savoir ? Le temps s'est égaré
dans la fumée des pierres qui s'effritent.
le vent a fui, brouillant toutes les pistes.

tout s'est figé en un profil sans âge,
contre les murs, des songes jaunissants
brûlent rongés d'insectes et de mouches.
l'haleine frôle les lèvres. Plus rien.

seul ce visage aux yeux naissants, la terre
nue, déchirée, la blessure des pailles,
le jour muet où se crispent les choses,
la source éteinte en ta main qui se serre

 

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Bibliographie sélective

 

La vie sans visage
Jacques Ancet, Sylvie Deparis
SD éditions, 2011
voir l'ouvrage

(Diffusion Art Point France)

 

Publications

Poésie

Sur le fil eds Tarabuste, 2005

Chutes eds Alidades, 2005

Diptyque avec une ombre eds Arfuyen, 2005

Tu passes toujours et tu reviens.
D'autres t'ont donné un nom. Pourtant
tu n'en as aucun, tu les as tous.
Je dis cendrier, purée, pollen,
je dis visage, herbe, bol, silex.
Tu sors de l'un pour entrer dans l'autre.
Tu tisses des fils qu'on ne voit pas
mais qu'on sent partout. J'ouvre la porte,
je suis sur le seuil: tu me regardes.

Un morceau de lumière eds Voix d'encre, 2005

La dernière phrase eds Lettres Vives, 2004Le fil de la joie eds La Porte, 2003

La brûlure eds Lettres Vives, 2002

...

tu ne sais rien et tu sais que quelque chose
t'attend c'est comme un matin plein de lumière
un silence ou un visage qui se penche
mais c'est le soleil tu ne peux pas le voir
ou cette blancheur tu marches à la rencontre
tu as un corps si léger qu'il est le monde
il y a la montagne comme une main
l'air qui passe une colline de fraîcheur
il y a dans chaque mot une brûlure
et tu dis tu es cet air cette colline
tu es la vie contre la mort tu me brûles
je n'écris pas pour demain pour dans cent ans
mais pour maintenant pour que le oui traverse
le non que le non soit la force du oui

...

Bernard Noël ou l'éclaircie eds Opales, 2002 On cherche quelqu' un eds Dana, 2002 Image et récit de l'arbre et des saisons eds André Dimanche, 2002 Le dénouement eds Opales, 2001

Le jour n'en finit pas eds Lettres Vives, 2001

Quand la voix se met à parler, on ignore pourquoi et d'où elle vient. On sait seulement que c'est le temps du poème et que le voile de perceptions, d'émotions, de pensées toutes faites qui sont le commun de l'existence vient de se déchirer. Alors, comme filtrant des mots, en émanant, quelque chose se lève : non pas l'image de chaque jour, pétrifiée d'habitude, qu'on nomme réalité, mais une sorte de lumière où êtres et choses ne cessent à la fois de sombrer et d'apparaître - une "saveur" dont le grand poète chinois Su Dongpo nous dit qu'elle est au centre du monde, qu'elle n'en finit jamais et que, pour ma part, j'aime appeler le réel. C'est l'intensité de cette expérience que voudrait évoquer ce livre, ne serait-ce déjà que par son titre. Auquel répond, comme en écho, celui d'une des suites qui le composent, trace rémanente d'un désir tenace, qui ne veut pas se rendre et qui est peut-être celui de la vie même : "De l'obstinée possibilité de la lumière." (Jacques Ancet)

La cour du coeur eds Tarabuste, 2000 Vingt-quatre heures l'été eds Lettres Vives, 2000 épuisé

L'imperceptible eds Lettres Vives, 1998

Ca vient, c'est déjà reparti. Tu crois que c'est le temps, mais non. Autre chose. Comme une effervescence minuscule : tu fais un lit, tu marches dans une rue quelconque et c'est là. Comme une clarté au milieu du jour, mais sans lumière. Sans rien d'autre pour le dire que quelques mots, soudain, très simples - table, cri ou silence ou nuit... - et qui insistent. Alors, tu les prends : ils forment de petits organismes brefs, pareils à des coquillages que tu porterais à l'oreille pour écouter. (Tu crois que c'est le bruit de la mer, mais non). Ou des cristaux brûlant du même éclat multiplié, mais d'où venu ? Tu regardes autour de toi : montée d'escalier, mur, visage, cuvette, matin sur la vitre. C'est comme une vague unique, silencieuse, invisible. Toutes les choses la reflètent et, en même temps, elles y brillent, s'y effacent. Ca vient, oui mais c'est immobile. Ce n'est rien de ce que tu peux dire. Mais tu parles, malgré tout. Pour écouter entre les mots, comme dans le coquillage. Ce vide bruissant. Tu dis chut !, écoute. Mais ce n'est rien. Tu voudrais comprendre quand même. Tu feuillettes un livre. Tu lis : "On dirait une fleur. Ce n'est pas une fleur./ On dirait une brume. Ce n'est pas une brume./ Cela vient à minuit.../ Cela part au matin./ Cela vient comme un rêve au printemps/ qui s'efface au réveil./ Cela vient comme un nuage au matin./ Vous ne trouverez cela/ nulle part." Po Kiu-Yi. Tu ne comprends pas, mais tu vois. Tu dis : c'est l'imperceptible. (Jacques Ancet)

Un homme assis et qui regarde eds Jean Pierre Huguet, 1998 A Schubert et autres élégies eds Paroles d'Aube, 1997 épuiséLa tendresse (Obéissance au vent IV) eds Mont Analogue, 1997 La chambre vide eds Lettres Vives, 1995 épuiséLe bruit du monde eds Paroles d'Aube, 1993 épuiséSous la montagne eds Messidor, 1992 épuiséL'heure qu'il est eds VR.SO., 1991 épuiséLe silence des chiens (Obéissance au vent III) eds Ubacs, 1990 épuiséDe l'obstinée possibilité de la lumière eds Eliane Vernay, 1988 épuiséEntrada en materia (anthologie de José Angel Valente eds Madrid, 1985 épuiséLisières eds Dominique Bedou, 1985 épuiséLa mémoire des visages (Obéissance au vent II) eds Flammarion, 1983 épuiséL'incessant (Obéissance au vent I) eds Flammarion, 1979 épuiséAvant l'absence eds Eliane Vernay, 1979 épuiséCourbe du temps eds Pajouvertes, 1975 épuiséNeuf poètes espagnols du XXè siècle (anthologie) eds Plein Chant, 1975 épuiséL'autre pays eds Plein Chant1975 épuiséSilence corps chemin eds Plein Chant, 1973. Rééd. Mont Analogue, 1996 Luis Cernuda eds Seghers, 1972 épuiséLe songe et la blessure eds Plein Chant 1972 & 1974 épuisé

 

Traductions

L'autre rive, Alejandra Pizarnik éditions Unes 1983. 

Lecture à Ténérife, Jose Angel Valente éd. Unes 1995.

Sept, Jose Angel Valente éditions Unes 1997.