Paul Morand

Né à Paris, le 13 mars 1888.
Fils de haut fonctionnaire, Paul Morand, après des études à l'École libre des Sciences politiques, fut reçu en 1913 premier au concours des ambassades, et devint diplomate.
Nommé attaché à Londres, il fit ses premiers pas en littérature avec deux recueils de poèmes ( Lampes à arc, Feuilles de température ) avant de se découvrir un talent de nouvelliste. Après un recueil de nouvelles londoniennes, Tendres Stocks , préfacées par Marcel Proust, il connut la célébrité dès 1922 avec Ouvert la nuit , puis, un an plus tard, Fermé la nuit . Suivirent L'Europe galante, Rien que la terre, Magie noire, Paris-Tombouctou, Champion du monde, New York, Papiers d'identité, Air indien, Londres, Rococo, La Route des Indes, L'heure qu'il est , autant de chroniques qui peignent l'inquiétude européenne de l'entre-deux-guerres et évoquent les lieux que cet infatigable voyageur, en congé pour un temps de la diplomatie, a traversés.
Ayant réintégré les Affaires étrangères en 1938, Paul Morand se trouvait, au moment de la défaite de 1940, à Londres où il occupait les fonctions de responsable de la mission de guerre économique. Mis à la retraite d'office par le gouvernement de Vichy, il publiait en 1941 Chroniques de l'homme maigre, livre d'orientation maréchaliste. De cette période datent encore Propos des 52 semaines, L'Homme pressé, Excursions immobiles .
Avec le retour de Laval au gouvernement, il était nommé à la présidence de la commission de censure cinématographique, avant de terminer la guerre comme ambassadeur à Berne, ce qui lui valut d'être révoqué à la Libération, et contraint à l'exil en Suisse.
Il s'y consacra à la poursuite de son ouvre : Le Dernier Jour de l'Inquisition, Le Flagellant de Séville, Le Coucou et le Roitelet, L'Eau sous les ponts, Hécate et ses chiens, La Folle amoureuse, Fin de siècle, Nouvelles d'une vie, Les Écarts amoureux .
Admiré les "hussards" de l'après-guerre, l'écrivain allait connaître un regain d'influence. En 1953, il était réintégré dans l'administration.
Paul Morand, s'est porté trois fois candidat à l'Académie française , il y a été reçu en 1968, de Gaulle ayant finalement consenti à sa candidature.
Jérôme Garcin en 2001 dans le Nouvel Observateur annonce la parution des 1800 pages du "Journal inutile" de Paul Morand, il titre son article Morand "Oh, déchéance!" Il écrit : "Ne sauvera-t-on rien de cet inextinguible et détestable lamento ? Si. Car Morand ..."
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Anthologies
Editions de la Pleiade
Nouvelles complètes, coll. La Pléiade, Gallimard,
Tome 1, Tendres stocks - Ouvert la nuit - Fermé la nuit - La Fleur double - L'Europe galante - L'Mort de l'amour - L'Innocente à Paris ou La Jolie Fille de Perth - Magie noire - Le Voyageur et l'Amour - «À la Frégate» - Flèche d'Orient. Appendices : Nouvelles et ébauches inédites - Esquisses pour «L'Europe galante» - East India and Company
Tome 2, Rococo - Bug O'Shea - Les Extravagants - Le Locataire - Nazaire Droguet - Hécate et ses chiens - La Folle amoureuse - Fin de siècle - Le Prisonnier de Cintra - Le Dernier Dîner de Cazotte - Sacha et les vieilles - Les Écarts amoureux - Une Noire affaire
Poèmes, coll. poésie, Gallimard, 1998
Lampes à arc, Feuilles de température, 25 poèmes sans oiseaux, USA, présentation Michel Decaudin coll poésie/Gallimard
Editions Robert Laffont Voyages éditions Robert Laffont coll Bouquins 2001
présentation Bernard Raffalli : Toute sa vie, Morand a été un voyageur intrépide, insatiable, infatigable. Ainsi, les textes de voyage jalonnent-ils sa carrière. Un homme avide de sensations nouvelles, de paysages inédits, de bruits et d'odeurs, de rencontres.
Ce volume réunit pour la première fois les textes de voyage les plus importants.
Il contient notamment : USA, album de photographies lyriques (1928) ; Paris-Tombouctou (1928) ; Hiver Caraïbe (1929) ; Le Rhône en hydroglisseur ou un Mississipi sans crocodiles(1929) ; New York (1930) ; Londres (1933) et Le Nouveau Londres (1962) ; Bucarest (1935) ; Méditerranée, mer des surprises (1938) ; L'Europe russe annoncée par Dostoïevski (1948) ; Le voyage (1927 et 1963) ; Pour une poétique du voyage (extraits d'articles 1931-1944
voir aussi :
Le site personnel de René Grandjean pour avoir accès à un dossier photo
Les sites des éditions Grasset, des éditions Gallimard
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Lire
En 1928 paraît "Magie Noire" de Paul Morand, un recueil de nouvelles bien dénigré, pour "ses clichés". C'est pourtant un vrai témoignage, le premier livre qui recense et démontre la modernité et l'universalité des cultures d'origine africaine. Et Morand, même s'il était un grand bourgeois, ne romance que ce qu'il a vu et entendu au cours de ses voyages.
New York, fait revivre la période et les artistes du Harlem Renaissance, mal connus en France. "Ils forment ", écrit Morand, " un centre artistique agréable, une petite "intelligentsia " en contact avec les milieux analogues blancs; elle compte des artistes comme le ténor Roland Hayes, Paul Robeson, l'auteur incomparable de l'Emperor Jones et le beau baryton de Show-boat, Walter White, excellent romancier noir, si l'on peut dire, car White est aussi rose et blond qu'un Suédois.(...) C¹est par l'art, par la musique et la poésie que Countee Cullen, Weldon Johnson, par le roman que Chestnutt, Fisher, McKay, W.E.B. DuBois, Nella Larsen, par la peinture qu'Aaron Douglas, Woodruff, et Albert Smith ont su, en dix ans, s'imposer au respect et à la sympathie de New York».
Et dans New York comme dans Magie noire, Paul Morand le cosmopolite, nous conduit dans "le Harlem inconnu des Américains!", préférant l'African Room au Cotton Club.
Bibliographie
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Editions Gallimard, collection l'Imaginaire |
1921 |
Tendres stocks, coll l'Imaginaire, Gallimard, 1996
extrait :
Vous dites :
- Décrivez-moi votre amie !
Je réponds :
- Elle a un ventre poli, une chair ferme où les morsures ne restent pas, des seins écartés.
- Jeune ?
- Très jeune : elle débouche les bouteilles avec ses dents, s'assoit face au jour, n'est pas nécessairement chez elle, se donne sans nuances, n'a pas envie de faire l'amour tous les jours.
- Au fond, tout cela n'est pas très agréable.
- Aussi retourne-t-on vers les amies qui disent : «j'aime faire plaisir», «vous êtes un enfant», «ma voiture peut vous reconduire», «vous êtes mal, prenez encore ce coussin», «parce que je sais que vous aimez ça...».
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1922 |
Ouvert la nuit, coll. L'Imaginaire Gallimard |
1925 |
Fermé la nuit (épuisé) |
1941 |
L'homme pressé coll l'imaginaire,Gallimard, 1997 |
1954 |
Hécate et ses chiens, coll L'Imaginaire, Gallimard, 2002 (épuisé)
note de l'éditeur : Le narrateur aime et croit être aimé de Clotilde, qu'il a rencontré en Afrique. En réalité, celle-ci ne fait que le supporter. A force de chercher à percer le secret qu'il sent rôder autour de Clotilde, et alors que l'atmosphère se fait de plus en plus pesante, il découvre petit à petit que la fraîche insouciante du jour pourrait bien avoir un tout autre visage nocturne, celui d'une femme qui s'adonne à des orgies incompréhensibles.
Plus tard, il rencontrera le mari de Clotilde, puis la retrouvera, mais n'arrivera jamais à percer véritablement l'énigme.
Ce roman est une exploration hallucinante des régions les plus noires du subconscient, où la curiosité, aussi légitime soit-elle, peut conduire au bord de l'Enfer celui qui s'interroge.
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1963 |
Tais-toi, coll l'Imaginaire, Gallimard,1998 |
1971 |
Venises coll L'imaginaire, Gallimard, 1999 |
1974 |
Les écarts amoureux coll. l'Imaginaire, Gallimard |
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Milady, Monsieur zéro,Les extravagants, coll. l'Imaginaire, Gallimard,1992 |
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Editions Gallimard, collections diverses |
1932 |
Flèche d'Orient coll. Folio, Gallimard, |
1936 |
Les extravagants, scènes de la vie de bohème cosmopolite, roman Gallimard |
1944 |
Journal d'un attaché d'ambassade1916 - 1917, Gallimard, 1996 |
2001 |
Journal inutile Gallimard Tome 1, 1968 - 1972 Tome 2, 1973 - 1976
note de l'éditeur : Ce journal couvre les dernières années de la vie de Paul Morand, de juin 1968 à avril 1976 : trente-deux cahiers manuscrits et un dernier cahier inachevé.
[.] Ce Journal se présente comme une oeuvre qui n'est pas si éloignée des collages des peintres. Il comporte même quelques petits dessins manuscrits, des dizaines de cartes postales et de papiers d'hôtels à en-tête de tous les pays du monde.
Cosmopolite comme son auteur, révélant, comme lui-même l'écrit, son envie jusqu'à la fin "d'être ailleurs".
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Editions Grasset, Les cahiers rouges |
1924 |
Lewis et Irène coll. Les cahiers rouges, Grasset, 1998
note de l'éditeur : Jeune financier que la Bourse préoccupe davantage que les femmes, Lewis tombe amoureux d'Irène, d'une extravagante et richissime famille de banquiers triestins. Entre style télégraphique et cours de la Bourse, les rivalités amoureuses et financières des deux héros, qui se disputent les mines de San Lucido, forment la trame de Lewis et Irène (1924).
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1925 |
Rien que la terre, coll. les cahiers rouges, Grasset, 2000 |
1928 |
Magie noire coll. Les cahiers rouges, Grasset, 1998
note de l'éditeur : Magie noire paraît en 1928 au moment où l'art nègre fait fureur. Morand est l'un des premiers à l'annexer à la littérature, à la nouvelle. Il sonde l'"âme noire". Tous ses personnages, Occide, Congo, etc., sont possédés par la magie noire, à moins qu'ils ne la possèdent.
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1930 |
Champions du monde coll. Les cahiers rouges, Grasset, 1990
note de l'éditeur : Quatrième et dernier volet de la Chronique du XX siècle , Champions du monde (1930) croise en trois époques -- 1909, 1919, 1929 -- les destins des membres de l'équipe du 2 400 yards relais de l'université de Columbia, qui se sont promis de devenir les meilleurs dans leur métier et de faire le point ensemble tous les dix ans.
Une prise de sang américain: orgueil, puritanisme, innocence, nationalisme, esthétique du sport.
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1931 |
Air indien coll. Les cahiers rouges, Grasset, 1990
note de l'éditeur : Enthousiasmé par les débuts de l'aviation -- au commencement des années trente -- Morand survole les pampas, les Andes, le Pérou, Lima, les villes modernes, les vestiges des civilisations aztèques et incas. Les civilisations indiennes adoraient le soleil, l'Amérique vit sous le signe de l'oiseau. Un texte éblouissant sur l'aile, la plume, les oiseaux et l'avion.
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Editions Grasset, collections diverses |
2001 |
Chroniques 1931 -1954 Grasset, 2001
note de l'éditeur : Ces Chroniques sont un choix des grandes chroniques que Paul Morand donna dans la presse, au Figaro en particulier, sur tous les sujets, dans les années 1930 - 1942 et après la guerre. La plupart de ces chroniques, indisponibles depuis longtemps, sont tirées de neuf recueils, issus des fonds Flammarion et Grasset. Pour la première fois, il est donc possible de découvrir ces papillons brillants, vifs, cruels, volages...
Il s'agit donc d'un recueil ambitieux, libre : Morand y apparaît dans sa force et sa limpidité, dans ses louvoiements, ses erreurs. La langue est cristalline.
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Editions Poche biblio |
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L'Europe galante Poche biblio, Hachette 2000 |
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