Paul Celan
« Lait noir de l'aube nous le buvons le soir « tu sais, ce qui s'est inscrit dans ton oil MATIERE DE BRETAGNE Article Enzo Traverso, Paul Celan et la poésie de la destruction "L'Histoire déchirée. Essai sur Auschwitz et les intellectuels" Enzo Traverso Les Éditions du Cerf 1997 26,60 euros "La quête de vérité, le deuil et la mémoire constituent la toile de fond sur laquelle se construit la poésie de Celan. Rares furent les occasions où il put expliciter ces thèmes sous une forme autre que le langage poétique. Elles se réduisent essentiellement à trois, entre 1958 et 1960 : la réception de deux prix littéraires en Allemagne et une rencontre manquée, dans les Alpes suisses, avec Theodor W. Adorno, dont il connaissait bien le verdict interdisant d'écrire un poème après Auschwitz. Il saisit ces occasions pour commettre trois petites « transgressions », trois courts textes de prose d'une séduisante perfection formelle qui, une fois dévoilés les arcanes d'une écriture extrêmement condensée, jettent une lumière nouvelle sur son oeuvre. "
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"... je tiens à vous dire combien il est difficile pour un Juif d'écrire des poèmes en langue allemande. Quand mes poèmes paraîtront, ils aboutiront bien aussi en Allemagne et - permettez-moi d'évoquer cette chose terrible -, la main qui ouvrira mon livre aura peut-être serré la main de celui qui fut l'assassin de ma mère... Et pire encore pourrait arriver... Pourtant mon destin est celui-ci : d'avoir à écrire des poèmes en Allemand." extrait d'une lettre de 1946 Et pourtant il portera la musicalité de la langue allemande à son plus haut degré de perfection.
PublicationsEnclos du temps traduction Martine Broda - éditions Clivages 1985 Grille de parole traduction Martine Broda - éditions Bourgois 1991 De seuil en seuil traduction Valérie Briet - éditions Bourgois 1991 Contrainte de lumière traduction Bertrand Badiou - éditions Belin 1989 Poèmes traduction André du Bouchet - éditions Mercure de France 1995 Choix de poèmes, réunis par l'auteur trad. Jean-Pierre Lefèbvre - éditions Poésie/Gallimard 1998 Correspondance avec Nelly Sachs - éditions Belin 1999 A lire ces lettres, on a d'abord le sentiment d'une immense et bouleversante fragilité. Une fragilité, une faiblesse native, une blessure qui réunissent et attachent l'un à l'autre Paul Celan et son aînée de trente ans, Nelly Sachs. Le premier, juif dans la langue allemande, n'a plus revu ses parents déportés en Ukraine ; il vit à Paris depuis 1948. Nelly Sachs, juive elle aussi, est née à Berlin en 1891. Elle a pu fuir l'Allemagne nazie avec sa mère en 1940. Elle vit à Stockholm et écrit en allemand. Les deux poètes ne se rencontreront que deux fois, en 1960, à Zurich d'abord puis à Paris. En 1965, Nelly Sachs reçoit le prix Nobel. Elle meurt cinq ans plus tard, le 12 mai 1970. Quelques jours plus tôt, Paul Celan s'était jeté dans la Seine ... Nelly Sachs et Paul Celan sont des êtres de souffrance et d'angoisse. La poésie, pour l'un comme pour l'autre, avec des moyens différents, est un recours, un témoignage arraché à la mort, une parole vitale née au coeur de la plus grande douleur : celle des survivants ... Aussi, les deux correspondants, dans cet affectueux commerce épistolaire qui dura de 1954 à 1969, s'adressent-ils des poèmes. Des poèmes qui, dans leur langue, disent ce que les mots de tous les jours sont impuissants à dire. (Patrick Kéchichian, Le Monde, 21/01/2000) Le Méridien André du Bouchet, Paul Celan, Jean Capdeville eds Fata Morgana 1996 Strette & autre Poèmes - réédition chez Mercure de France Entretien dans la montagne - éditions Verdier 2001 avec la FNAC editions Fata Morgana 1996 Rose de personne traduction Martine Broda - éditions Corti, 2002 Correspondance 1951-1970 Coffret 2 volumes Paul Celan, Guy de Lestrange, Bertrand Badiou eds du Seuil 2001 Les lettres, que le poète écrivit en français à son épouse, témoignent des blessures d'un homme hanté par les fantômes de sa mémoire et leur opposant la force nue de son verbe poétique ... L'admirable appareil critique qui accompagne, en un volume séparé, cette correspondance, et qui forme comme une oeuvre à part, faite de reconnaissance et de piété, s'en tient aux textes et aux faits, laissant ouvertes les questions. Les voyages de Paul Celan de l'autre côté du Rhin ont été nombreux durant ces vingt années : ils scandent toute la correspondance, qui, d'ailleurs, n'aurait pas été aussi abondante sans ces séparations entre les deux époux ... Ces séjours étaient pour Celan une épreuve intérieure extrêmement douloureuse : toute trace, rappel ou soupçon de complaisance à l'égard du nazisme et de l'antisémitisme provoquait chez lui une révolte absolue. Et, au-delà, une blessure. (Patrick Kéchichian, Le Monde, 09/03/2001) Pavot et mémoire trad. Valérie Briet eds Bourgois 2001 Oeuvres en prose edition bilingue français-allemand trad. Jean Launay eds du Seuil 2002 Renverse du souffle eds du Seuil Bibliothèque philosophique eds Rue d'Ulm 2004 Un catalogue raisonné très technique : un répertoire recensant près de 500 ouvrages (soit un dixième) de la bibliothèque du poète. Une somme universitaire indigeste. Poèmes trad. par John E. Jackson eds José Corti 2004 Pour aborder ou appronfondir l'ouvre aussi essentielle que difficile de Paul Celan, il est utile de disposer de guides critiques avisés. La question de la langue - cet allemand revisité, repensé et reconstruit par le poète - ne faisait évidemment qu'accroître la difficulté. John E. Jackson a commencé son travail sur Celan au début des années 1970, après le suicide de l'écrivain. Il rassemble ici un choix de poèmes tirés des différents recuils. Deux études très éclairantes et informées (notamment par les travaux en Allemange sur Celan) accompagnent cette anthologie. Patrick Kéchichian, Le Monde , 26 mars 2004. Sur Paul CelanPaul Celan ,De l'être à l'autre , Emmanuel Lévinas eds fata Morgana Paul Celan, Poésie et poétique, collectif eds Klincksieck Paul Celan Revue Europe (n°861-862) janvier-février 2001 épuisé Paul Celan, chronique de l'anti-monde Laurent Cohen, éditions Place 2000 La poésie comme expérience Philippe Lacoue-Labarthe, éditions Bourgois 1996, rééd.2004
« J'étais couché sur la pierre, en ce temps-là, tu sais, sur les dalles de pierre ; et près de moi étaient couchés les autres, ceux qui étaient comme moi, les autres, ceux qui étaient autres que moi et tout à fait pareils, les cousins et les cousines... » Entretien dans la montagne Paul Célan |