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Tu peux être Dieu des chiens, Dieu des chats, Dieu des pauvres, il te suffit d'une laisse, d'un peu de mou, de quelque fortune, mais tu ne seras jamais maître de l'arbre . Tu ne pourras jamais que vouloir devenir arbre à ton tour.
Georges Perec ( Un homme qui dort , p.42, Folio Plus n°44)
voir aussi : Georges Perec (notre dossier)
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Le rôle de sentinelle
Est confié aux arbres.
Si c'est pour demander
Pourquoi le silence,
Vous n'êtes pas d'ici.
Eugène Guillevic extrait "Du domaine"
Pour lire le poème dans son intégralité voir aussi notre dossier Eugène Guillévic
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Ah, comme les plus simples des hommes
sont malades et stupides et confus
auprès de la claire simplicité
et de la toute saine existence
des arbres et des plantes !
Fernando Pessoa Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes , éditions Unes 1986 tirage de tête, tirage courant disponible à moins de 20 exemplaires diffusion Art Point France
voir aussi : Fernado Pessoa ( notre dossier)
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GRAND ARBRE BLANC
à l'Orient vieilli
la ruche est morte
le ciel n'est plus que cire sèche
sous la paille noircie
l'or s'est couvert de mousse
les dieux mourants
ont mangé leur regard
puis la clef
il a fait froid
il a fait froid
et sur le temps droit comme un j
un oeil rond a gelé
grand arbre
nous n'avons plus de branches
ni de Levant ni de Couchant
le sommeil s'est tué à l'Ouest
avec l'idée de jour grand arbre
nous voici verticaux sous l'étoile
et la beauté nous a blanchis
mais si creuse est la nuit
que l'on voudrait grandir
grandir
jusqu'à remplir ce regard
sans paupière grand arbre
l'espace est rond
et nous sommes
Nord-Sud
l'éventail replié des saisons
le cri sans bouche
la pile de vertèbres grand arbre
le temps n'a plus de feuilles
la mort a mis un baiser blanc
sur chaque souvenir
mais notre chair
est aussi pierre qui pousse
et sève de la roue
grand arbre
l'ombre a séché au pied du sel
l'écorce n'a plus d'âge
et notre cour est nu
grand arbre
l'oeil est sur notre front
nous avons mangé la mousse
et jeté l'or pourtant
le chant des signes
ranime au fond de l'air
d'atroces armes blanches qui tue
qui parle le sang
le sang n'est que sens de l'absence
et il fait froid grand arbre
il fait froid
et c'est la vanité du vent
morte l'abeille
sa pensée nous fait ruche
les mots
les mots déjà
butinent dans la gorge
grand arbre
blanc debout
nos feuilles sont dedans
et la mort nous lèche
est la seule bouche du savoir
Bernard Noël
>>> voir aussi : Bernard Noël (notre dossier)
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Être artiste, c'est ne pas compter, c'est croître comme l' arbre qui ne presse pas sa sève, qui résiste, confiant, aux grands vents du printemps, sans craindre que l'été puisse ne pas venir. L'été vient. Mais il ne vient que pour ceux qui savent attendre, aussi tranquilles et ouverts que s'ils avaient l'éternité devant eux.
Rainer Maria Rilke ( Lettres à un jeune poète , trad. Bernard Grasset et Rainer Biemel, p.35, Grasset/Les Cahiers Rouges, 1937)
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Sans cesse, l'arbre prend son élan et frémit des feuilles, ses innombrables ailes.
André Suares
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"Les lavis bleus de l'aube se diluent doucement.
Posé sur son buvard de brume
Chaque arbre est un dessin d'herbier –
Mémoire accroissant cercle à cercle
Une série d'alliances.
Purs de clabaudage et d'avortements,
Plus vrais que des femmes
Ils sont de semaison si simple !
Frôlant les souffles déliés
Mais plongeant profond dan l'histoire –
Et longés d'ailes, ouverts à l'au-delà.
En cela pareils à Léda
O mère des feuillages, mère de la douceur
Qui sont ces vierges de pitié ?
Des ombres de ramiers usant leur berceuse inutile."
(26 novembre 1962)
Sylvia Plath, in Valérie Rouzeau, "Sylvia Plath, un galop infatigable, traduction de Valérie Rouzeau, Jean Michel Place/poésie, 2003
voir aussi : Sylvia Plath (notre dossier) Valérie Rouzeau (notre dossier)
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Porte Nils Ubo
Frêne, noisetier, saules et branches de hêtre
Chiemgau, Haute-bavière, 1980, ilfochrome sur aluminium
100 x 100cm, 12 exemplaires |
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Une identité banian
Comme la tortue porte sa carapace sur le dos, moi je porte la mienne. Quand j'ai pris la parole dans diverses universités américaines, j'ai expliqué que je possède un système de racines. Il y a, en Asie du Sud-Est – notamment à l'Ile Maurice et à la Réunion – un arbre qui s'appelle le banian. Outre ses racines principales, il possède des racines aériennes qui retournent à la terre pour devenir un autre arbre. Une boucle perpétuelle entre ciel et terre. Je dis que j'ai une identité banian, c'est-à-dire démultipliante. Au fil des expériences, j'ai superposé en moi diverses cultures, sans pour autant perdre mes racines haïtiennes. Mes racines sont itinérantes. Les gens croient connaître l'identité totale d'un homme par une seule de ses racines, c'est un leurre. De plus en plus, l'identité humaine devient multiple.
René Depestre extrait de interview parue sur " île en ile"
voir aussi notre dossier René Depestre
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"Dans le bleu
il prononce un mot d'arbre d'ombre promise..."
Paul Celan
voir aussi : Paul Célan (notre dossier)
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Robert Smithson
First Upside Down Tree (Premier arbre inversé), 1969
Photographie ou diapositive, 35,5 x 35,5 cm |
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L'homme comme l'arbre est un être où des forces confuses viennent se tenir debout. Gaston Bachelard
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