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Yamou

 

Yamou

Yamou, 2005

Abderrahim Yamou, né à Casablanca en 1959, il vit et travaille à Paris.

L'orientation des travaux de Yamou se situe dans le droit fil d'une inspiration dont nous avions pu apprécier l'enracinement africain : Yamou est d'abord le peintre d'une terre dont les couleurs, l'ocre surtout, dans ses variations multiples, sont au fondement même de l'acte de peindre. Si le "pays de la terre brune" a souvent déjà été célébré en littérature, il a trouvé en Yamou un peintre qui exalte, dans leur permanence immémoriale, le poids de sa glaise, l'aridité de ses terres du Sud. Forte présence, en ces toiles, de l'esprit d'un lieu, d'un sol sur lesquels n'ont fait que passer les hommes.


En 1995 surgissent sur les toiles de Yamou, du fin fond d'une mémoire qui dirait-on a évacué l'histoire et ses vagues de splendeur et de sang, des formes animales suffisamment réalistes pour être reconnaissables derrière les zébrures, les graphes qui égratignent la toile. Bouquetins, béliers, oryx, gazelles... tout un bestiaire antédiluvien se trouve rassemblé, allusif parfois (voyez les gueules biffées raturées baîllonnées de ses animaux), ramassé toujours dans la tension de son mouvement. Nulle mièvrerie dans cette démarche : il y a de l'austérité chez Yamou ; de la hauteur, dans le geste concentré qui griffe la toile. Comme la morale, l'art ne connaît pas de progrès : les peintures pariétales de la préhistoire, les gravures rupestres de l'Atlas et d'ailleurs sont, d'emblée, magistrales. Avec Yamou, l'art de peindre semble retourner à ses origines : il a la force brute, l'austérité des grands ancêtres. Cet artiste est inclassable - sinon quelque part du côté des Magdaléniens.


Ce seront, à partir de 1998-1999, d'autres formes, végétales cette fois, qui s'épanouiront dans le travail de Yamou (peinture et sculpture). Feuilles, branchages penchant vers le sol ou s'épanchant en d'obscures germinations ; forêts qui rougeoient dans l'harmonie brune... Les teintes sont chaudes et profondes ; les formats, variés - mais le mystère de la vie, dans ses formes les plus humbles, et ses interrogations immédiates, est toujours suggéré. Voilà une peinture qui, dans sa texture, et de par les représentations qu'elle fait naître, ne peut laisser indifférent. Une peinture réfléchie, sincère, consciente de ses effets, qui s'interroge en nous amenant à nous poser les questions de l'origine et du devenir.

Yamou tente ainsi, et réussit, la gageure de peindre des paysages nocturnes : la part de l'ombre a grandi dans sa peinture, et ses teintes assourdies surprendront plus d'un connaisseur du Maroc, où la lumière est si forte. Mais cette ombre fait aussi la part du feu : la peinture de Yamou, dans son parti-pris très contemporain d'une libre figuration, concentre la tension de la vie, brute, dans son désir sans mémoire d'expansion, et d'expression.

De grands blocs bitumineux affrontent ainsi les formes déliées et les couleurs sourdes qui les entourent. D'autres oeuvres privilégient les teintes claires : grèges, presque blanches, elles voient reculer l'ombre en elles - qui ne s'efface pas pour autant. La peinture de Yamou est un monde de tension secrète ; un monde vivant, ardent, qui invite à la contemplation, et à la méditation.

Alain Gorius

 

post/avant

 

Notes d'atelier :

D'abord, une sensation de silence, de vide. Le tout est déjà là. Aussi jaillissent des bribes de vie, englobante comme une certitude métaphysique. Les plantes surgissent, progressivement, lentement.

Suggestion de vie et source des formes.

Dans mon travail antérieur ces formes trouvaient leur origine dans l'écriture. Derrière l'élan de chaque forme il y a une lettre, un mot, un son, ou une attitude calligraphique.

Les calligraphes chinois disent ; la concentration est réciproque. La lettre dans son mouvement trace l'artiste.

Les plantes structurent l'espace et filtrent la lumière. Elles dévorent progressivement l'espace noir bitumeux et installent le paysage. Et puis par leurs entrelacs et densités elles suggèrent un sous-bois, proche du silence initial et du vide, par le trop-plein.

La feuille, la branche ou l'arbre, sont tracés intuitivement sur la surface de la toile dans un élan sans a priori. Mais le végétal n'est pas uniquement prétexte à donner forme. Il y a la fascination à côtoyer le miracle banal : la vie.

Fascination qui ne peut se contenter d'une suggestion peinte. Faire et voir pousser une plante procède alors de la même nécessité créatrice.

Dans mon travail de sculpture, la recherche formelle est mise en équation avec la plante et sa fragilité, la plante et sa négation : la mort.

Les clous créent une surface métallique oxydable, vibrante, malléable, et changeante.

La plante exige une certaine interaction pour se développer.

Photosynthèse et oxydation sont mises côte à côte.

Cette double présence rend visible la transformation et le travail avec le temps.

L'oeuvre est constamment en devenir.