A

 
Abraham Jean-Pierre
Ancet Jacques
Auster   Paul 
   
B 
 
Beausoleil  Claude 
Bekri Tahar
Benhamou Maurice
Bensoussan Alber
Bianu Zéno
Bourçon Michel
Bourg Lionel
Bousquet Joë
Broda Martine
Butor Michel
   
 C   
Carlos Williams William
Celan Paul
Chédid Andrée
Cheng François
Cohen Albert
Combet Claude-Louis
Conrad Joseph
   
 D   
Degrotte Ludovic
Demangeot Cédric
Depestre René
De Richaud André
Derrida Jacques
Dhainaut Pierre 
Di Manno Yves
Dobzynski Charles 
Dotremont Christian
Du Bouchet André 
Dupin Jacques
   
E 
 
Echenoz Jean
Emaz Antoine
Eliraz Israël
   
F 
 
Fabre G. Sylvie

Ferrat Stéphanie

Frémon Jean
   
 G  
Gavart Perret Jean-Paul
Germain Sylvie
Giovannoni Jean-Louis
Giroux Roger
Godel Vahé
Goll Yvan
Gorius Alain
Grimaldi Nicolas
Guez-Ricord C.-G.
Guillevic Eugène
   
H
 
Henein georges
Hikmet Nazim
   
I 
 
Ince Özdemir
   
J
 
Jacob Max
Jamme Franck André
Juarroz Roberto
Juliet Charles 
   
K 
 
Khatibi Abdelkébir

Klépal jean 

   
L 
 
Laäbi Abdellatif
Lamarche-Vadel Bernard
Lambersy Werner 
Laugier Emmanuel
Laulla Anita J  
Lemaire Gérard-Georges
. Lenz J. M. R  
Libert Béatrice
Louis-Combet Claude
Luca Ghérasim
 

 

Özdemir Ince

copyright Al Manar

Özdemir Ince, né en 1936, est poète, essayiste et chroniqueur. Il a traduit en turc Aloysius Bertrand, Lautréamont, Rimbaud, Cavafis, Séféris, Ritsos, Alain Bosquet et Adonis; il a publié 21 recueils de poésie et 17 essais.
Ses livres ont été traduits dans une vingtaine de langues ; six recueils de ses poèmes ont été publiés en français, grec, bulgare et macédonien. En français : Poèmes (Ed. Saint-Germain-des-Prés, 1982), On meurt à moins (Le Cherche-Midi,1993).
Ö. Ince est Membre correspondant de l'Académie Mallarmé (Paris) ; Membre correspondant de l'Académie Européenne de Poésie (Luxembourg) ; Officier de l'Ordre des Arts et des Lettres (France).

voir aussi : le site des éditions Al Manar

 

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Bibliographie sélective

éditions Al Manar

Mani est vivant !,
texte de Özdemir Ince

Poèmes de Özdemir Ince. Traduction : Ferda Fidan.

Préface de Vénus Khoury-Ghata. couverture et ex. de tête illustrés par K. Lahbabi.

voir l'ouvrage

(diffusion Art Point France)
 

Publications

On meurt à moins 1998 eds du Cherche Midi prix : 10,50€
 

Critique

Özdemir Ince : Mani est vivant !
(Préfacé par Vénus Khoury-Ghata, traduit du turc par Ferda Fidan)
Editions Al Manar

Poète, essayiste et traducteur, Özdemir Ince vit à Istanbul où j'ai eu le plaisir de le rencontrer grâce à Abdellatif Laâbi. S'il a beaucoup publié dans son pays et s'il est traduit en plusieurs langues, Mani est vivant ! est le troisième de ses livres, traduit et édité en français après un choix de poèmes publié par les éditions St Germain des Prés en 1982 et On meurt à moins au Cherche-Midi, en 1993, avec une préface d'Alain Bosquet. Vénus Khoury-Ghata présente le poète avec empathie et admiration dans une flamboyante préface : " Il se sert des mots comme d'objets contondants pour forer son être de l'intérieur. Un monde étranger surgit progressivement sous sa plume : un monde au-dessus des mondes, où le temps n'est pas divisible en jours, où les corps morts se transforment en voix, où l'homme est un effondrement vertical. "
L'ouvrage est composé en quatre parties. La première regroupe " Douze poèmes pour Alexandrie. " Le désert et la ville se confondent ou, paradoxalement, sont deux pôles de solitude, deux espaces de méditation existentielle, entre rêverie métaphysique et déréliction : " Inutile de me perdre dans une ville aux rêves tumultueux / avec un corps de glaise… " Dialectique des contraires indissociables, l'illusion elle-même appartient au monde réel : " Le mirage qui rêve : l'envers et l'endroit du désert. / Tout existe. " L'envers est pôle de confrontation avec soi-même, introspection par le vide : " Je dois déménager de moi-même maintenant, / à la recherche d'une Alexandrie étincelante. " L'endroit est pôle de déchiffrement impossible du monde, car si " caravane et désert parlent la même langue, " le secret ontologique échappe entre les lignes : " J'ai appris ceci, murmure-t-il au monde, / que chaque livre est la mort d'un cahier blanc. " Toute représentation, même provisoire, n'appréhende pas la pluralité des points de vue. L'énigme se dérobe. Reste le chant : " les villes et les poètes affranchis vieillissent ensemble ; / même traîtresse, néfaste et morbide, / elle ne tient dans nul document, la ville où tu es né. " L'humilité de l'être (" moi-désert, moi-mirage, moi-autre ") n'exclut pas la luxuriance métaphorique : " Je dois désormais demeurer quelque part, / dans un sceau de quartz, / pour me colleter à la poussière, en prenant de l'âge. " Balancement entre l'aveu du renoncement et la sagesse à cheveux blancs : " Je ne cherche plus d'épisode pour ma légende sans nombre. "
De l'Egypte prestigieuse à la grande civilisation macédonienne, le deuxième ensemble s'intitule : " Douze poèmes pour Ohrid. " Le pessimisme d'Özdemir Ince s'y affirme encore plus nettement. Le lecteur y retrouvera parfois l'esprit ravageur d'un Cioran ou d'un Schopenhauer. L'oxymore " effondrement vertical " qui désigne l'homme précaire ou encore l'image symbolique attribuée à la sagesse des nations : " l'homme est une défaite… " sont des indices irréfragables de la désespérance du poète stambouliote. Toutefois, un humanisme fervent traverse aussi cette œuvre non réductible à quelques épithètes hâtives. Tel précepte s'inscrit dans une démarche philosophique positiviste de l'existence : " Deviens chemin. " Tels aphorismes se détachent des poèmes comme des versets de textes sacrés d'un orient fabuleux réactivé : " Tout rentrera dans l'ordre : quand le chien et le basilic / parleront la même langue. Quand une comète / te demandera le chemin de sa maison. " Plus évident encore, ce clin d'œil à l'ecclésiaste renoue avec les grandes paraboles ancestrales : " Croire aux songes, c'est comme attraper les ombres, / courir après le vent. / Songe et miroir se ressemblent. " L'acte fondateur de la réalité de l'être au monde, c'est la trace qu'il laisse de son éphémère passage : " Lorsque tu t'en vas, / reste le noyer planté de tes mains. " Avec l'accent d'un moraliste de l'action, le poète livre cette injonction prophétique : " Honte à moi-même et au monde / si j'ai laissé un jour le monde tel que je l'avais trouvé. " Tonalité, on le voit, bien différente de celle des pessimistes autodestructeurs mentionnés plus haut. Özdémir Ince s'inscrit dans la veine des fossoyeurs de l'idéalisme philosophique, revisitée avec l'expérience du naufrage des utopies du XXème siècle.
La troisième partie donne son titre au recueil : " Mani est vivant ! " A la fois réhabilitation de l'hérésiarque de Perse, Manès, fondateur du manichéisme -philosophie et religion-, et libre méditation sur ce qui fut l'une des premières doctrines de l'Empire byzantin, passerelle mystique entre les disciples de Jésus et ceux de Zoroastre. Aussi, l'auteur joue-t-il abondamment du dualisme philosophique dans ses variations poétiques (" chaleur de poésie en plein frimas ") : " Je peux parler la langue du désert et du vent / la langue du vide me sert pour dire le monde // Je me porte garant des affaires de l'univers. " Union dialectique de la lumière et de l'obscurité : " La lumière te trompe, quand tu ne voyages pas avec elle. " Le poète interroge l'histoire, remonte aux origines pour conjurer les dérives et les contresens au dégoût du jour (enfourcheurs de versets sataniques, pirates de sourates !) : " Et la cave que tu nommes passé est un peu ainsi, / tu perdras ta mort / en perdant ton enfance. // La seule chose que l'homme connaisse, / c'est la mort d'un autre. "
Enfin, en dernière partie, cinq stèles évoquent des figures de la mystique turque ou de l'histoire de la grandeur byzantine : Saltuk le Blond (" as de cœur caché,…pèlerin amoureux "), le père Ilias et le père Ishak qui " trempèrent leurs lèvres dans le verbe ", Caka Bey (tué à Abydos), Borak (" complice de la nuit / dans le voyage céleste d'une caravane "), Nasireddin Cakir, gouverneur de Mossoul, tué en 1145 sur ordre du prince Arp Aslan… On retiendra cette double métaphore du voyage et de l'écriture : " l'encrier rond est une boussole, avec son aiguille et son couvercle de verre… " L'encre d'Özdemir Ince coule de source, saigne noire…


 

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