Sándor Márai

 

Sándor Márai


Sándor Márai de son vrai nom Sándor Grosschmied de Mára est né le 11 avril 1900 à Kassa, en Hongrie, aujourd'hui Košice, en Slovaquie. Son œuvre est considérée comme faisant partie du patrimoine littéraire européen et jouit d'une réputation semblable à celles de Stefan Zweig, de Joseph Roth et d'Arthur Schnitzler. Comme eux, il est un des grands écrivains du XXe siècle, l'un des derniers représentants de la culture brillante et cosmopolite de la Mitteleuropa. Idéaliste, il écrivait dans Les Confessions d'un bourgeois : " Tant qu'on me laissera écrire, je montrerai qu'il fut une époque où l'on croyait en la victoire de la morale sur les instincts, en la force de l'esprit et en sa capacité de maîtriser les pulsions meurtrières de la horde."

Journaliste, poète, auteur dramatique, traducteur littéraire, Sándor Márai connaîtra dès ses premiers romans le succès avec "Les Révoltés" (1930), "Un Chien de caractère" (1932) et surtout "Les Confessions d'un Bourgeois" (1934), écrits dans un style clair et réaliste. Encensé et adulé, il fait paraître deux chefs-d'oeuvre "Divorce à Buda" (1935) et "L'Héritage d'Esther" (1939). Il est l'un des premiers à découvrir Kafka. Cet écrivain brillant se tient pourtant à l'écart des chapelles littéraires et observe avec inquiétude la montée des régimes totalitaires.

Le destin de Sándor Márai est lié aux soubresauts de l'histoire de son pays. La Hongrie se trouve dans le camp des vaincus à la fin de la première guerre mondiale. Sándor Márai, antifasciste dans une Hongrie alliée à l'Allemagne nazie est non seulement un grand romancier, mais aussi un homme courageux. Il poursuit son travail d'écrivain pendant toute la deuxième guerre mondiale, car son pays ne sera envahi par l'Allemagne que le 19 mars 1944. Il fait paraître notamment deux superbes romans, "La Conversation de Bolzano" (1940) et "Les Braises" (1942). En 1945, il est élu membre de l'Académie Hongroise des Sciences.

Mais la guerre se rapproche, et en raison de l'origine juive d'Ilona, l'épouse de Sándor, les Márai doivent se cacher à Leányfalu, un village situé à 90 km au nord de Budapest, pour se protéger des rafles. Ils espèrent également échapper aux exactions, viols et pillages de l'Armée rouge. C'est le sujet du très beau livre intitulé Mémoires de Hongrie dans lequel il observe l'arrivée des soldats soviétiques et les premières années de l'installation du pouvoir communiste par la force.

L'Armée rouge encercle Budapest. Dans son roman "Libération", qui ne sera publié qu'en 2000, Márai raconte les derniers jours du siège de la capitale ( du 29 décembre 1944 au 13 février 1945 ). Les habitants terrés dans les caves des immeubles pendant des heures interminables attendendent l'issue des combats. Budapest est en ruines et lui-même ne retrouve dans les décombres de sa maison qu'un chapeau haut de forme et une photo de Tolstoï. L'histoire de son pays a basculé avec l'arrivée des troupes d'occupation de l'Armée rouge et des nouvelles autorités communistes .

Dans "Mémoires de Hongrie" (1972), il raconte ses années de disgrâce sous le nouveau régime. Il s'agit d'un récit autobiographique des années 1944 à 1948 dans lequel il montre l'asservissement de son pays, l'écrasement des libertés politique, culturelle et spirituelle, la bassesse des élites, la terreur qu'inspire le pouvoir. Sándor Márai est contraint de s'exiler. "Pour la première fois de ma vie, j'éprouvai un terrible sentiment d'angoisse. Je venais de comprendre que j'étais libre. Je fus saisi de peur." écrit-il la nuit de son départ en 1948.

Pendant ses 41 années d'exil en Suisse, en Italie et aux Etats Unis, il continuera d'écrire en hongrois. Des romans "Paix à Ithaque! "(1952), "Les Métamorphoses d'un Mariage" (1980), et l'important récit autobiographique, "Mémoires de Hongrie" (1972), des pièces de théâtres, des poèmes et des journaux intimes (de 1943 à 1983) viennent enririchir son oeuvre immense. Márai se donne la mort à San Diego le 22 février 1989, huit mois seulement avant la fin de la République Populaire de Hongrie proclamée le 23 octobre 1989.

En 1990, après des années de mise sous le boisseau de son oeuvre, Sándor Márai reçoit à titre posthume, le Prix Kossuth, la plus haute distinction hongroise. Son œuvre est désormais traduite en français, en italien, en anglais, en allemand, en espagnol, en portugais...

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Publications

 

Œuvres traduites en français
Les Révoltés (Zendülok,1930) Albin Michel, 1992
La Conversation de Bolzano (Vendégjáték Bolzanóban, 1940) Albin Michel, 1992
Les Confessions d'un Bourgeois (Egy polgár vallomásai, 1934) Albin Michel, 1993
Les Braises (A gyertyák csonkig égnek, 1942) Albin Michel, 1995
L'Héritage d'Esther (Eszter hagyatéka, 1939) Albin Michel, 2001
Divorce à Buda (Válás Budán, 1935) Albin Michel, 2002
Un chien de caractère (Csutora, 1932) Albin Michel, 2003
Mémoires de Hongrie (Föld, föld!..., 1972) Albin Michel, 2004
Paix à Ithaque! (Béke Ithakában, 1952) Livre de Poche 2005
Métamorphoses d'un mariage (Az igazi, Judit... és az utóhang, 1980) Albin Michel, 2006
Libération (Szabadulás, 2000) Albin Michel, 2007
Le premier amour, Albin Michel, 2008
Le Miracle de San Gennaro, Albin Michel, 2009