Johnny Friedlaender et l'âme du monde. Johnny Friedlaender saisit la nature occulte de l'existence. Né en Allemagne en 1912 et affilié à l'Ecole de Paris, il nous donne encore une idée exacte de ce que peuvent faire de mieux les arts graphiques en notre histoire contemporaine jusqu'en 1992, date de sa disparition. La gravure dont il est un maître incontesté, le dessin et la peinture prennent avec lui tout leur sens. Aux yeux de chacun Friedlaender supprime les doutes et affranchit les désirs liés à la pratique de ces arts. "Je ne suis qu'un peintre qui grave" dit-il, lorsque l'on interroge l'homme. Il ne manque rien en effet aux gravures (en noir et en couleur) de celui-ci, ni à ses aquarelles et dessins inspirés d'une nature sublimée. Après avoir recensé les difficultés et les moyens propres à ses efforts il ouvre un atelier à Paris où nombreux seront ceux qui viendront se familiariser aux diverses techniques de la gravure sur cuivre (taille douce) que celui-ci développe dans les années cinquante. Lorsque l'on visite aujourd'hui l'exposition consacrée par L'INHA (Institut national d'histoire de l'art) à l'oeuvre gravé et sur papier de Friedlaender, on s'aperçoit ainsi du champ de ses influences et des passions qu'il suscite alors chez de nombreux éditeurs, musées, artistes et galeries. Car il y a aussi une morale qui se dégage de ce travail et qui porte une connaissance bonne pour toutes les oeuvres à venir d'un Zao Wou Ki, d'une Viera da Silva et bien d'autres. Attentif aux combinaisons abstraites de signes, inventant un univers proche des fables surréalistes d'un Max Ernst, l'imaginaire de Friedlaender est rempli de présages et de magie. L'artiste force la critique à déceler ici une vraie science de la nature à la façon d'un Klee et une réflexion sur les mouvements qu'ont connu tous les bouleversements de l'esthétique d'après-guerre. Friedlaender en revient aux formes pour les assagir et leur donner une âme, tendance que suivra un De Stael aussi bien, parallèlement. Il aborde spirituellement la gravure, le dessin, la peinture en s'inspirant de contemplations qui pénètrent au-delà de tout , en étudiant les mécanismes particuliers à l'oeuvre dans les détails des êtres et des choses physiques (fleurs, collines, champs, femmes, oiseaux, astres, etc.). Saisissant l'univers à travers ses lois les plus fines, il rend compte de son travail intérieur et en restitue enfin la profondeur. |
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