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Peter Klasen A partir de 1973-74, la représentation du corps humain disparaît pour un temps, occultée par de lourdes portes, grilles, bâches, provenant de camions, de wagons ou de prisons, autant d’éléments qui enferment, isolent et oppressent. Cet univers carcéral, d’abord aseptisé et en grisaille, verra ensuite sa thématique évoluer vers des couleurs plus diversifiées et une signalétique de plus en plus présente, avec de nombreuses inscriptions en formes d’avertissements inquiétants (« Corrrosif », « Poison », « Acide sulfurique », « Douche de sécurité »…). C’est au cours de son premier voyage à New York en 1981 que Klasen effectue de nombreuses photographies, notamment de graffitis, sujet qui amorce la série des Traces où des taches, des inscriptions, des marques de craie et autres salissures viennent perturber les surfaces régulières et lisses. Témoignages de l’intérêt que l’artiste a toujours porté à Kurt Schwitters, les collages d’objets et de matériaux les plus divers (carton, bois, ficelle, plastique) se multiplient au milieu des années 1980 aussi bien sur des toiles de grandes dimensions que sur des formats d’études qu’il appelle ses « gouaches ». Mélangés au répertoire pictural déjà connu (représentation de poignées, gonds, écrous, lettres, chiffres…), ces collages en relief ouvrent une nouvelle dimension dans l’oeuvre vers l’espace et le volume qui va caractériser désormais les recherches de l’artiste dans les années 1990. Ainsi, en 1991, à la Fiac (Galerie Louis Carré), il expose une énorme installation-déambulatoire inspirée du film de Samuel Fuller Shock Corridor (1963) qui mêle d’immenses peintures à des objets réels (baignoires, lavabos, appareillages électriques…). Plus tard, il utilise même des matériaux inhabituels comme support - plaque d’acier ou ciment - qui se substitue à la toile. Cette volonté d’échapper à la surface du tableau et d’investir l’espace s’amplifie dans les oeuvres récentes qui, si elles incluent toujours des objets réels (manomètres, échelles, grilles, néons…), le font de façon plus sculpturale qu’auparavant. Délaissant pour un temps les formes usinées accolées à la peinture, Klasen réalise en 1997 de véritables sculptures autonomes en terre chamotée.
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post/avant |
Bibliographie sélective
Peter Klasen
L'Image la ville
Texte inédit, collage réhaussé à l'aérographe, pièce unique pour chaque exemplaire. ed. Jannink 1999
Note de l'éditeur : Après des des études aux B.-A. de Berlin, il s'installe à Paris en 59 et devient l'une des figures marquantes de la Nouvelle Figuration. La mise en scène de thèmes récurrents (l'espace clos et la signalétique) et sa technique «mécanisée» (aérographe et pochoirs) participent à la distanciation de ses sujets : containers, grilles, signalisation routière, verrous...
(diffusion Art Point France)