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Peter Stämpfli À partir de 1966, son travail prend un tournant décisif par la représentation d’un objet emblématique de la société de consommation, la voiture, qui avait fait son apparition dans l’iconographie de l’artiste en 1963 (Ma voiture) et qui devient le thème unique de ses tableaux. Dans un souci constant d’approfondissement et d’élimination, le peintre passe progressivement de la roue, inscrite dans une vision d’ensemble (Grand Sport, 1966), à une vision frontale de celle-ci (Caprice, 1968) pour réaliser enfin avec SS 396 n° 2 (1969) une oeuvre qui fait coïncider sa forme avec celle de l’objet représenté. Agrandie à près de 2 m de diamètre, la représentation de cette roue perd sa lecture immédiate pour devenir un ensemble de formes géométrique et symétriques, évoquant la structure des toiles de Kenneth Noland ou des cibles de Jasper Johns. Cette réalisation apparaît comme le point de départ de l’expérimentation dans laquelle Stämpfli est encore aujourd’hui engagé. En 1971, à la Biennale de Paris, Stämpfli réalise une première tentative de peinture monumentale de 6 m de hauteur (Royal). L’apport essentiel de cette oeuvre, conçue en fonction du lieu où elle est présentée, est l’impression d’une trace sérigraphique de 30 m de long, créant un effet illusionniste de déplacement du pneu. Stämpfli expose à cette occasion ses premiers dessins qui forment un chapitre particulier de l’oeuvre, un terrain de recherches qu’il développe parallèlement à la peinture. En 1974, Stämpfli ouvre un territoire nouveau avec Atlas n°2, présentée au musée Galliera, une toile rectangulaire de 8 m de long dont la surface est parcourue d’un bord à l’autre de lignes parallèles continues. D’une rigoureuse bichromie, Atlas n°2 inaugure la série des toiles où les problèmes de l’abstraction, bien plus que ceux de la figuration, gouvernent la réalisation du tableau, évoquant dans leur organisation interne les premières oeuvres de Frank Stella. En 1979, il entreprend une série de pastels qui présentent, après dix ans de peinture dans des camaïeux de gris, d’ocres ou de bruns, une explosion de couleurs vives et des contrastes francs et audacieux. Depuis vingt-cinq ans, de nombreuses interventions dans l’espace public donnent à l’oeuvre de Stämpfli une nouvelle dimension : réalisation monumentale pour le mur-pignon d’un immeuble zurichois en 1983, projets pour la façade des magasins Migros en 1984 et pour les vitraux de l’Abbaye des Cordeliers à Châteauroux en 1988, réalisation de 16 panneaux muraux de 120 m de long pour la gare de Fribourg (Exit, 1999). En 1985, dans la continuité de ses recherches picturales, il réalise sa première oeuvre tridimensionnelle Empreinte de pneu S 155, une trace en creux de 30 m de longueur installée dans un parc du Val-de-Marne. Ce jeu sur l’agrandissement est aussi à la base du relief en acier chromé Communication (1990). Que ce soit par la fragmentation, par la découpe du tableau, par la fabrication de traces ou l’agrandissement démesuré, Stämpfli se livre à un questionnement et à une mise à l’épreuve sans cesse réitérés des moyens de la représentation. |
post/avant |
Bibliographie sélective
Peter Stämpfli
Pneupeneupneupneupneupneupneu
Récit inédit illustré d'une composition originale sur rodhoïde signée et unique. ed. Jannink 1998
(Diffusion Art Point France)
Note de l'éditeur : Après des débuts figuratifs proches du Pop Art anglais, ce peintre suisse se consacre au thème de l'automobile, qu'il approfondit et fragmente. Sa démarche aboutit à la représentation du pneu qu'il libère de son environnement pour ne garder que l'empreinte géométrique épurée et déclinée sur différents supports.