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Carlos Monoz Yague pour Le JDD
Erró En 1961, il participe pour la première fois au Salon de mai et à la Biennale de Paris. Il puise son inspiration dans l’univers des sciences et techniques, comme dans la série Les Usines (1959-1962) ; il publie les manifestes Mecanismo et Mecanismo n°2 en 1962 et 1963. Il expose alors en Italie, France, Belgique. Ses séries mettent en scène avec une cruelle ironie les aberrations de la société de consommation, de la culture de masse. Il exploite l’iconographie la culture populaire : bandes dessinées, photos de presse, catalogues de vente, images de propagande, portraits de stars et de dirigeants, chefs-d’oeuvre de la peinture occidentale, clichés de l’exotisme. En 1963, il se rend à New York, sillonne les supermarchés et fast-foods. Il côtoie les artistes du Pop Art, Rauschenberg, Rosenquist, Oldenburg ou Warhol. La galerie Gertrude Stein lui consacre en 1964 une exposition personnelle à New York, événement rare à cette époque pour un artiste installé en France. Son travail, fondé sur la réutilisation jubilatoire et provocante d’images l’amène à participer à l’exposition La Figuration narrative dans l’art contemporain (1965). A partir de 1972, les expositions et rétrospectives se succèdent à travers le monde, à Reykjavik, au Japon, à la Biennale de Venise, au Jeu de Paume à Paris en 1999. Il affine ses compositions et ses enchevêtrements au fil des années, tout en restant fidèle au style mis en place au début des années soixante. En 2001, la Collection Erró du musée de la Ville de Reykjavík est présentée au public dans son nouveau cadre à Hafnbarhúsid. |
post/avant |
Bibliographie sélective
Erró
Easy is interesting
Texte inédit, sérigraphie originale réhaussée signée.
ed. Jannink 1993
Note de l'éditeur : Islandais hyper-réalisaliste au style BD. Il participe au happening sur la catastrophe de la Galerie Cordier en 1962, à l'Exposition Universelle de Séville en 1992 et à la biennale de Venise. Rétrospective en 1999 au Jeu de Paume.
(diffusion Art Point France)
Texte
Concentré des héros de Erro
Sa peinture est celle des excès et de la liberté. Il se nourrit de littérature sûrement, de Bandes dessinées aussi et de toutes sortes d'illustrations. Les expériences réunies ici sur trois décennies : "Les Lettres d'amour japonais"(1979-1980), "Target practice" (1995) E.mail breakfast (2000-2001) nous laissent rêveurs. Longue carrière et oeuvre vaste regroupées sous le label figuration narrative ou Pop art, ce travail porte les stigmates de notre époque chavirée.
L'angle de Erro est celui d'un marginal de l'art et il est connu pour ses singularités. Cette exposition est un hommage à un talent kaléidoscopique ponctué des phobies, illusions et terreurs populaires du XXème. Mais au-delà cette peinture est savamment référentielle et retient du siècle passé le portrait intime. Erro relativise nos idéaux et réalise une mystique de l'image de plusieurs générations réunies par l'amour de toutes les sublimations d'une réalité trop souvent sordide ou auto-censurée.
Parfois à la limite de l'addiction "psychotique" aux héros des années quarante ou cinquante, Erro Fait cohabiter dans son imaginaire le futur et la drogue de la mémoire. Indissociable mixture de la vie, ce goût pour le mélange des genres fait de l'homme un artiste majeur de notre époque. Nourri de la prose underground, observateur des symptômes du "Malaise dans la civilisation", Erro peint par delà les images standards du Pop-art, le souci au plus près de l'Histoire et met à nu la violence, le désir, les signes qui font les scénarios du "cinéma" de notre réalité.
Faut-il classer ce peintre parmi les déconstructeurs de l'ordinaire ? Ses codes, sa rhétorique plurielle nous y poussent. Les héros de Erro rejoignent ainsi le panthéon de nos mutations sociales. Son écriture parfois angoissée affirme la volonté de sauver un monde que la chute menace.
Pierre Givodan
Art Point France Info du 13/07/2008