Anselm Kiefer

 

Peintre allemand, Anselm Kiefer est né en 1945 dans le Bade-Wurtemberg. Il vit et travaille au pied des Cévennes à Barjac dans le Gard. Après des études de droit, de langues et de littératures romanes, il bifurque pour se consacrer à la peinture. Il passe par l´Ecole des beaux-arts de Fribourg-en-Brisgau et poursuit sa formation à Düsseldorf auprès de Joseph Beuys. Ses tableaux sont généralement monumentaux. On y relève notamment les "Dachboden-Bilde"», "Au peintre inconnu", "Sulamith", les "Architectures d´argile et tableaux sidéraux", "Das Spiel ist aus", la série intitulée "La vie naît des plantes". Ses oeuvres sont présentes dans de nombreuses fondations pour l'art contemporain,dans de nombreux musées américains, dans tous les plus grands musées du monde.

 

 

"Book with Wings" (livre avec des ailes) de Anselm Kiefer
Laura Bush et Anselm Kiefer au Modern Art Museum of Fort Worth, Texas 2003

 

Anselm Kiefer. Für Paul Celan, Pour Celan

«Je suis seul, je mets la fleur de cendre
dans le verre rempli de noirceur mûrie. Bouche sœur,
tu prononces un mot qui survit devant les fenêtres,
et sans un bruit, le long de moi, grimpe ce que je rêvais».

Anselm Kiefer a effectué un travail de variation à partir de l’œuvre poétique de Paul Celan. L'artiste est obsédé par le passé nazi de l'Allemagne, par la folie collective qui peut s'emparer d'un peuple. Dans une relation constante aux textes et aux livres, il construit depuis trente ans une oeuvre dont le fondement est une réflexion sur le mal. Kiefer est né en 1945, année où Paul Celan sortait seul des camps dans lesquels sa famille avait disparu. Il est remarquable qu'un artiste allemand rende hommage au courage et au talent d'un poète juif, d'un jeune homme qui à 25 ans pour tenter de conjurer la barbarie a écrit La Fugue de mort et s'est suicidé à Paris en 1970.

Palimpseste de peinture les gigantesques oeuvres de Kiefer (de 280 x 380 cm à 330 x 570 cm) sont le témoignage rétrospectif d’une extermination injustifiée. Kiefer entrecroise sa propre histoire, celle de Celan, celles de nombreuses vies singulières. La puissance de son travail réside dans sa manière de ne jamais montrer directement ce à quoi il se réfère. Huile, émulsion, gomme-laque, terre, feuille de palmier, tournesols séchés sur planche, charbon, branches, chaise, plâtre sur toile, pierre, gravats, béton, plomb... la force de sa peinture est due à ce langage composite et inédit, à une manière de faire taire le discours et de placer en apposition le silence intense du recueillement.

Anselm Kiefer s'est approprié « la poétique des ruines », l'a accordée à notre époque. Son histoire personnelle le porte à être sensible à la ruine des civilisations, effet des civilisations elles-même. Son oeuvre, de longue date, interroge notamment l'homme sur sa capacité à ériger des monuments et à les détruire. L'artiste se questionne sur l'homme pris « dans la tempête du progrès » et inscrit cette interrogation dans le contexte de l'Histoire.

Loin du raffinement, Anselm kiefer crée des installations qui portent la trace de son investissement physique. Un désir infini de sens est au coeur de sa pratique et c'est dans le fonctionnement de ce désir qu'il trouve son style à l'allure brute. L'oeuvre s'impose, cohérente car elle manifeste concrètement une autre ruine, celle du « grand art ». « L'art n'est pas une présentation dégradée de l'idée, ni la présentation d'une idée dégradée, il présente ce qui n'est pas « idée » » (A. Kiefer)

Catherine Plassart

 

Voir aussi :

les oeuvres de Anselm Kiefer dans notre dossier Liber amoris

Für Paul Celan exposition décembre 2006

Guggenheim Collection

Metropolitan Museum of Art

Fondation Beyeler Bâle Suisse

Broad Art Fondation

Tate Gallery Londres (sept tableaux)

Fondation Lambert Avignon France